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4 ans après son César, Jean-Pascal Zadi nous emmène dans l'espace avec sa nouvelle comédie

© Gaumont

Cinq ans après "Tout simplement noir", co-réalisé avec John Wax, Jean-Pascal Zadi repasse derrière la caméra, seul, et signe "Le Grand déplacement", qui mélange comédie et conquête spatiale avec ses sujets de prédilection.

Ça parle de quoi ?

Dans le plus grand des secrets, se prépare à décoller la première mission spatiale africaine ! L'équipage, issu du continent et de sa diaspora, doit explorer la planète « NARDAL », afin d'évaluer la possibilité d'y ramener tous les Africains si jamais la Terre devenait inhabitable. Le problème c'est que le voyage sera long. Très long. Et que la plus grande inconnue des missions interstellaires demeure l'entente entre les astronautes...

L'étoffe des zéros

Le 2 mars 2020, la Toile s'enflammait pour une comédie inattendue dont la bande-annonce augurait l'un des jolis succès du printemps dans les salles hexagonales. Mais la suite, on la connaît, et elle rime avec "pandémie", "COVID", "confinement" et autres "fermetures de cinémas". Il avait donc fallu patienter quelques mois supplémentaires pour découvrir Tout simplement noir, qui s'est vite imposé comme une bouffée d'oxygène au sein d'un été quelque peu anxiogène, grâce à la manière qu'avaient Jean-Pascal Zadi et John Wax de mêler engagement politique et social en faveur des minorités, et humour percutant.

5 ans, 762 244 spectateurs et un César du Meilleur Espoir pour Jean-Pascal Zadi plus tard, l'acteur devenu incontournable dans le cinéma français repasse derrière la caméra. Sans John Wax, parti diriger le très tendre En tongs au pied de l'Himalaya, mais toujours avec ses sujets de prédilection (le racisme, l'exploitation de l'Afrique, l'invisibilisation et la représentation des personnes noires), que l'on retrouvait également dans les deux saisons de sa série En place sur Netflix.

Le point de départ du Grand déplacement est assez semblable, à ceci près qu'en lieu et place de l'Elysée, ce sont les étoiles que vise l'acteur, réalisateur et co-scénariste (avec Hélène Bararuzunza) dans cette comédie ambitieuse, qui mêle humour, conquête spatiale et propos politique. Dans un long métrage qui se penche sur la première mission africaine visant à explorer une nouvelle planète sur laquelle les habitants de l'Afrique seraient transportés si l'environnement était amené à être vivable, afin de mettre fin aux inégalités dont ils sont victimes sur Terre.

Un temps appelé La Mission de l'espace, le film sort aujourd'hui sous le titre Le Grand déplacement, qui appuie ce discours en détournant la théorie complotiste d'extrême-droite du grand remplacement, introduite en 2010 par l'écrivain Renaud Camus et selon laquelle il existerait, en France, un processus de substitution de la population française et européenne par une population non européenne, originaire en premier lieu d'Afrique subsaharienne et du Maghreb. Des termes que le long métrage ne commente, évidemment, jamais directement, préférant l'axe comique au pamphlet politique.

Viser la Lune, ça ne lui fait pas peur

Et c'est ainsi qu'il met en scène des personnages peu aimables, issus de différents pays de l'Afrique, parfois racistes et plein de préjugés envers les autres, qui prouvent que le vivre ensemble n'est pas gagné tant chacun est bourré de contradictions dans son engagement, à l'image de celui joué par Fary, que Jean Pascal-Zadi (dans son registre habituel d'éléphant dans un magasin de porcelaine) retrouve ici, au même titre que Fadily Camara, Claudia Tagbo ou Eric Judor (pour une participation uniquement vocale qu'on vous laisse découvrir), alors que Reda Kateb, Alassane Diong, Deborah Lukumuena ou la rappeuse Lous and the Yakuza font partie des nouveaux.

S'inspirant par moments, légèrement, d'Interstellar (jusque dans la musique) et de Sunshine, avec des effets spéciaux plus que propres, Le Grand déplacement est peut-être un peu trop court pour arriver à bien brasser les différentes composantes de son ambition, il parvient à enrichir l'univers que bâtit son auteur depuis plusieurs années, et on a hâte de voir ce qu'il nous réserve par la suite. Sur petit ou grand écran, sur Terre ou ailleurs.

publié le 25 juin, Maximilien Pierrette, Allociné

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