Alpha : de quelle maladie s'inspire le film de Julia Ducournau ?
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Dans "Alpha", troisième long métrage de Julia Ducournau, un mystérieux virus sème la panique et bouleverse la vie d'une jeune héroïne de 13 ans possiblement contaminée. À quelle maladie le film fait-il référence ? Explications de la réalisatrice.
© Diaphana
Alpha, le nouveau et troisième film de Julia Ducournau - lauréate de la Palme d'or en 2021 avec Titane -, brouille les pistes. Le spectateur devine que l'intrigue se déroule en France, sans jamais préciser où exactement, et probablement dans les années quatre-vingt, sans jamais le confirmer également.
Surtout, il est question d'un virus qui transforme les malades en statues de marbre et qui plonge l'héroïne du film, Alpha (Mélissa Boros), dans un bouleversement aux lourdes conséquences. La réalisatrice fait le choix de ne pas nommer cette maladie. Alors que le monde entier se remet encore de la pandémie de Covid, beaucoup de spectateurs y voient un réel parallèle.
"Un drame qui est ancré dans mes souvenirs"
Si l'on prend en compte l'époque, la maigreur des malades et la paranoïa qui s'empare des personnages, il est cohérent de penser que ce virus fictif s'inspire avant tout du sida. Un hypothèse confirmée par la cinéaste elle-même.
"C'est un drame qui est ancré dans mes souvenirs des époques très noires de la pandémie de sida dans les années 80-90, détaille-t-elle pour AlloCiné. Vu que je ne voulais pas faire un film historique, j'ai dû inventer une maladie parce que ce dont je voulais parler réellement, c'était l'impact terrible que la peur et la honte dans la société ont eu sur les malades, leur famille et les générations. Même de manière plus générale sur la sexualité de toute une génération derrière."
L'histoire d'un trauma
Plusieurs séquences du film rappellent des images marquantes de cette époque, comme les plateaux-repas laissés à l'abandon dans les couloirs de l'hôpital; les civières qui s'accumulent ou encore la peur panique de la contamination par le sang - la scène de la piscine en témoigne.
"C'est quelque chose que l'on n'a jamais purgé, ajoute Julia Ducournau. Il n'y a jamais eu de réparation, jamais eu d'excuses, on n'en a jamais parlé de cette maltraitance. Je pense que c'est un peu aussi le sujet du film : le trauma traverse les générations quand on ne parle pas, quand on ne fait pas le deuil d'une situation brutale et horrible."
Propos recueillis par Thomas Desroches, à Cannes, le 21 mai 2025
Alpha est actuellement au cinéma
publié le 24 août, Thomas Desroches, Allociné