Après The Neon Demon et The Substance, découvrez Toxic au cinéma

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Conjuguant les codes cinématographique de l'hyperréalisme et du body-horror, Toxic devrait ravir les amateurs de références telles que The Neon Demon et The Substance. Une pépite du cinéma indé', à découvrir en salle cette semaine.
L'adolescence féminine au cœur d'un premier long-métrage à la croisée des genres
Rêvant d'échapper à la morosité de leur quartier, Marija (Vesta Matulyte) et Kristina (Ieva Rupeikaite), 13 ans, se rencontrent dans une école de mannequinat locale. Les promesses d'une vie meilleure, malgré la concurrence ardue, les poussent à brutaliser leur corps, à tout prix. L'amitié des deux adolescentes leur permettra-t-elle de s'en sortir indemnes ?
Récompensé du Léopard d'or du meilleur film au Festival international de Locarno, puis du prix de la photographie au Festival du cinéma européen des Arcs, Toxic est pourtant le premier long-métrage de la cinéaste lituanienne Saulė Bliuvaitė. Et pour sa première intrigue, quoi de plus naturel que de convoquer des éléments de sa propre existence ?
Sorties, news, interviews... Retrouvez toute l'actualité des films Indés Chronique de l'adolescence féminine particulièrement crue, Toxic parvient à saisir l'essence même des angoisses pubertaires : changements involontaires du corps, premières relations sexuelles, avenir incertain... Autant de facteurs d'anxiété décuplés chez les jeunes filles, d'autant plus lorsqu'elles sont confrontées à des modèles peu réalistes.
Après des films tels que The Neon Demon et The Substance, Toxic s'inscrit lui aussi dans une longue lignée de longs-métrages farouchement dénonciateurs des standards féminins, dont il dresse une critique au vitriol particulièrement efficace. Et comme ses prédécesseurs, quelle meilleure manière de remettre en question ces pratiques qu'on soulignant la torture physique et psychologique qu'elles infligent : des crises de boulimie aux réflexions déplacées, rien n'est épargné à Marija et Kristina, véritables victimes de l'idéalisation féminine.
Tantôt coming-of-age aux accents dramatiques, tantôt thriller psychologique flirtant avec le body horror, le premier long-métrage de Saulė Bliuvaitė emprunte aux genres dans leur absolue pluralité pour aboutir à une œuvre hybride, aussi riche que l'esprit en ébullition d'une adolescente. Une densité que la cinéaste explique sans mal : "J'ai toujours aimé les films réalistes ou sociaux-réalistes mais qui peuvent faire un pas de côté et rompre avec la réalité. Je suis aussi influencée par la littérature et les histoires sur la folie en général, ce qui a pu évidemment impacter le film."
Une sororité profonde, à l'épreuve des toxicités
Pour autant, le portrait que Toxic dépeint de la jeunesse n'en demeure pas moins teinté d'espoir et de lumière, puisque ses protagonistes juvéniles trouvent dans la présence de leur camarade la clé de leur salut. Une proximité qui, comme l'intrigue du film pour la réalisatrice Saulė Bliuvaitė, tire sa force de la véracité de son inspiration : "Pendant le tournage, [Vesta et Ieva] ont passé beaucoup de temps ensemble en attendant le tournage des scènes, en se faisant maquiller... Une complicité naturelle est née entre elles deux et elles se sont soutenues."
Les deux jeunes femmes, à l'instar de leurs personnages, ont donc noué des liens forts pour affronter leurs angoisses lors du tournage et se préparer à cette épreuve. Dans ce contexte parcouru de toxicités diverses - celle des hommes mais aussi celle des femmes entre elles, celle d'un milieu professionnel peu accessible et pétri d'a priori - la relation de ces deux jeunes femmes, dans une approche sororale et moderne, émeut autant qu'elle intrigue, puisqu'elle semble aussi construite sur un subtil questionnement du désir de l'autre...
Premier long-métrage dense et référencé, dans la droite lignée de The Neon Demon et The Substance, Toxic de Saulė Bliuvaitė est à découvrir au cinéma dès maintenant.
publié le 16 avril, Isaac Barbat, Allociné