Black Dog : un film grandiose sur une amitié entre un homme et un chien

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Black Dog raconte l'histoire d'un homme et d'un chien unis par un lien indéfectible. Entre errance dans le désert de Gobi et regard sur une Chine en mutation, ce film grandiose est à découvrir en salle dès maintenant.
Un duo touchant et mystérieux
Lang revient dans sa ville natale aux portes du désert de Gobi. Alors qu'il travaille pour la patrouille locale chargée de débarrasser la ville des chiens errants, il se lie d'amitié avec l'un d'entre eux. Une rencontre qui va marquer un nouveau départ pour ces deux âmes solitaires.
Réalisé par Guan Hu (La Brigade des 800) et récompensé du Prix Un Certain Regard à la dernière édition du Festival de Cannes, Black Dog met en scène dans des lieux d'une beauté sobre un duo à la fois poétique et sauvage.
Outre l'isolement, le mutique et solitaire personnage de Lang - incarné avec subtilité par Eddie Peng (Are You Lonesome Tonight ?) - et ce fameux chien noir ont pour autre point commun une aura de mystère presque spectrale. Ce secret gardé sur les origines des deux protagonistes est un choix scénaristique particulièrement pertinent : "Il est souvent difficile de trouver en quelques mots seulement la véritable réponse aux événements, explique le réalisateur. En revanche, la spéculation est bien plus intrigante. Expliquer les causes et les conséquences de ce qui s'est passé serait mettre en scène un drame, une tragédie et non la vraie vie."
Un western moderne en plein désert de Gobi
Avec Sur la route de Jack Kerouac dans ses pensées tout au long de la réalisation, Guan Hu réfute néanmoins des inspirations westerns. Pourtant, Black Dog semble plonger ses racines esthétiques dans le genre. Sur sa moto en solitaire, Lang parcourt les paysages uniques et envoûtants du désert de Gobi en sifflotant des airs de musique rock.
Sorties, news, interviews... Retrouvez toute l'actualité des films Indés En plus de ces plaines en relief, Guan Hu plante le décor dans une véritable ville pétrolière dans l'ouest de la Chine. "L'empreinte de villes autrefois prospères grâce au pétrole m'attire, raconte le réalisateur. Elle a une force réaliste et symbolique qui dit un morceau d'histoire récente et témoigne de la vie de ceux qui y vivaient."
Black Dog est en outre un road movie peuplé d'animaux sauvages : hordes de chiens errants, loups solitaires, serpents venimeux... Tous sont là pour rappeler cette nature primitive qui tente de reprendre ses droits.
Un portrait de la Chine oubliée
Si Black Dog offre de purs moments de contemplation, c'est aussi un discours humaniste qui est porté par Guan Hu. Le réalisateur choisit en effet de débuter l'histoire à l'aube des Jeux Olympiques de Pékin.
"J'ai personnellement vécu les formidables changements économiques survenus en Chine au cours des trois ou quatre dernières décennies, explique le cinéaste. Les plus rapides sans doute que nous ayons éprouvés. J'ai également vu de nombreuses personnes laissées pour compte. Des personnes qui ont trébuché et que l'on a oubliées. Face à ces mutations sociétales, tous ne peuvent pas suivre le rythme. D'autres tentent encore aujourd'hui de rattraper leur retard. Les Jeux olympiques sont largement reconnus en Chine comme le symbole le plus emblématique d'un immense développement et l'apogée de ce progrès. D'un autre côté, la petite ville de l'ouest de la Chine représente un autre type de vie que la plupart des gens ignorent. Je pense que ce contexte est très puissant."
Dans cette ville en ruine, les habitants peinent à suivre le rythme des transformations sociales. Guan Hu s'inspire de ses propres observations pour dresser un portrait sincère et touchant de ces oubliés du progrès. "Ce qui m'intéressait, c'était de comprendre ce qui les faisait tenir, ce qui leur permettait de survivre", confie-t-il.
Entre réalisme social et abstraction poétique, Black Dog est à découvrir en salle dès maintenant.
publié le 5 mars, Lola Epoque, Allociné