"C'est l'un de mes films préférés de tous les temps" : le réalisateur de Dune vénère ce chef-d'oeuvre indépassable sorti il y a 70 ans

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De passage dans les bureaux du prestigieux éditeur Criterion, qui oeuvre à la préservation du cinéma mondial, Denis Villeneuve en a profité pour livrer une liste de films qui l'ont profondément marqué. Au sommet de la pile, un chef-d'oeuvre absolu.
Formidable format vidéo créé par nos confrères de Konbini, le Vidéo Club est devenu un passage quasi obligatoire pour presque tous les talents cinéma en pleine période promotionnelle. L'émission a en outre un énorme avantage : elle dure suffisamment longtemps pour que les talents qui y viennent et se pliant à l'exercice aient le temps de développer leurs propos, livrant souvent de savoureuses anecdotes et étalant leurs connaissances sur le cinéma.
Mais le format en lui-même n'est pas du tout nouveau. Depuis très longtemps, le prestigieux éditeur (et distributeur) américain Criterion, véritable temple de la cinéphilie la plus absolue, voit débouler les artistes du monde entier dans son Criterion Closet; qui n'est autre que la réserve de l'éditeur où sont conservés tous les films édités par ses soins. Les invités ont alors carte blanche pour prendre les films qu'ils souhaitent, en expliquant leurs choix.
"Cette utilisation puissante du ralenti a eu un effet profond sur moi"
En janvier dernier, c'était au tour de Denis Villeneuve d'y faire un saut. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le réalisateur du récent diptyque Dune brasse large. Il met dans son sac la trilogie Trois couleurs du cinéaste Krzysztof Kieslowski; Le Salaire de la peur de Henri-Georges Clouzot; la trilogie Europa de Lars Von Trier. Le biopic consacré au Che de Steven Soderbergh. Une trilogie de films signés par le maître suédois Ingmar Bergman. Le mystère Picasso, documentaire sorti en 1956 et consacré au fameux peintre. Ou encore le Satyricon de Fellini.
Il prend bien soin de garder tout en haut de sa liste son ultime pépite : Les Sept samouraïs d'Akira Kurosawa. "Si ce n'est pas mon tout préféré, c'est de loin l'un de mes films préférés de tous les temps... La meilleure utilisation du ralenti. C'est comme s'il exprimait le poids de la condition humaine par rapport au poids de l'existence" commente-t-il. "Cette utilisation puissante du ralenti a eu un effet profond sur moi".
Sorti en 1955, couvert de prix à travers le monde, Les Sept samouraïs d'Akira Kurosawa est une oeuvre matricielle pour quantité de cinéastes, et pas des moindres. Tarantino vénère le film, Steven Spielberg aussi, sans même parler de son acolyte George Lucas, au point de l'influencer pour l'écriture de son Star Wars (avec une autre oeuvre du maître nippon, La Forteresse cachée). Dès 1960, il fera l'objet d'un remake hollywoodien avec Les Sept mercenaires, sous la houlette d'un vétéran, John Sturges.
"C'est l'un des moments de fulgurance qui m'a accompagné pendant des années"
Dans la foulée de son passage dans les bureaux de Criterion à New York, Denis Villeneuve viendra aussi dans le vidéoclub de Konbini, évoquant à nouveau le film de Kurosawa, mais de manière sensiblement plus poussée. Il explique notamment que ce film l'a fortement inspiré pour la construction de la tension dans Sicario, son formidable thriller sorti en 2015. Il décrit d'ailleurs une séquence en particulier, lorsqu'un samouraï fait face à une bande de voleurs.
"Il y a ce contrepoids entre la vitesse des voleurs qui se précipitent vers leur destinée et l'immobilisme (...) de ce samouraï qui les attend. Au moment du croisement, il y a une violence spectaculaire, extrêmement brève. Ça m'avait très impressionné. C'est l'un des moments de cinéma qui m'a impressionné, (un moment) de fulgurance qui m'a accompagné pendant des années et qui m'a beaucoup inspiré, entre autres, pour un film comme Sicario".
Vous n'avez encore jamais vu ce monument absolu qu'est Les Sept samouraïs ? C'est mal ! Mais vous pouvez vous rattraper grâce à une somptueuse réédition du film fraîchement restauré en 4k, sortie en décembre 2024. Il est également disponible en VOD.
publié le 3 juin, Olivier Pallaruelo, Allociné