C'est l'un des meilleurs discours du cinéma : 32 ans plus tard, ces 6 minutes puissantes résonnent encore en nous

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Sorti en salles il y a 32 ans, ce film poignant avec l'immense Al Pacino contient une des scènes de discours les plus mémorables de tous les temps !
Si vous n'avez jamais vu Le Temps d'un week-end, il est grand temps de se rattraper, le long-métrage étant disponible sur Netflix ! Sorti en 1993, l'oeuvre est portée par Al Pacino au sommet de son art, accompagné du tout jeune Chris O'Donnell. Ce dernier se révélait aux yeux du public avant d'exploser en enfilant le costume de Robin dans Batman Forever deux ans plus tard.
Un remake réussi
Mis en scène par Martin Brest, Le Temps d'un week-end est le remake d'un chef-d'oeuvre du cinéma italien : Parfum de femme. Le récit nous présente Charles (Chris O'Donnell), un étudiant timide et réservé aspirant à entrer à Harvard. Ce dernier accepte un petit boulot comme aide à la personne pour un militaire à la retraite.
L'étudiant est donc chargé de s'occuper du colonel Frank Slade. Devenu aveugle, il s'est renfermé sur lui-même, ce qui a amplifié son caractère irascible et associable. Pourtant, Charles découvre vite que Slade est un véritable séducteur très sensible à l'odeur dégagé par les femmes. Le jeune homme va aussi s'apercevoir que l'ancien militaire cache surtout une terrible souffrance.
Le duo Al Pacino / Chris O'Donnell est parfaitement assorti dans cette oeuvre sublime et inspirante. Les deux acteurs livrent une performance extrêmement forte qui va vous bouleverser. Certains scènes sont fabuleuses de beauté poétique et d'autres confinent à l'épique grâce aux envolées lyriques d'un Al Pacino en état de grâce.
Un monologue mythique
En ce sens, son monologue vers la fin du film fait partie des discours les plus mémorables de tous les temps ! Après avoir accompagné le colonel dans une virée dantesque à New York, Charles doit affronter la commission de discipline de sa prestigieuse école. Celle-ci vise plusieurs de ses amis. Ces derniers ont vandalisé la voiture du directeur ; pour les punir, il faudrait que l'étudiant témoigne contre eux, car il a été témoin de la scène.
Cependant, fidèle à ses valeurs, Charles préfère ne pas balancer ses camarades, quitte à se faire expulser et que cela lui porte préjudice pour son avenir scolaire. Avant que le jury ne délibère sur le sort de l'étudiant, le colonel Slade prend la parole afin de le défendre. Avec sa voix grave et son impressionnante éloquence, il va réussir à gagner les faveurs de l'assemblée.
Le discours légendaire dans son intégralité
"Tout ceci est un ramassis de conneries ! Monsieur Simms n'en a rien à branler d'être estampillé ou pas compagnon de Baird. C'est quoi cette secte ? Quelle est votre devise ? 'Messieurs, il faut balancer vos camarades et assurer vos arrières, faute de quoi, nous vous clouerons au pilori !' Comme on dit, quand les choses tournent au vinaigre, il y en a qui baissent leur froc et d'autres qui montent la garde !"
"Ici, Charles brave la tourmente, et George qui se cache dans les jupes de papa. Et vous, qu'est-ce que vous faites ? Vous récompensez George et vous sacrifiez Charles. Je ne sais pas qui est sorti de cette école. William Howard Taft, William Jennings Bryant, Guillaume Tell, qui vous voulez ! Leur esprit s'est éteint, s'ils n'en ont jamais eu un. Vous bâtissez le radeau de la méduse. Un vaisseau pour cafards aquatiques."
"Si vous croyez préparer ces marins d'eau douce à être des hommes, vous vous mettez le doigt dans l'oeil. Parce que j'affirme que vous tuez l'esprit-même que cette institution prétend faire naître. Tout ça c'est du pipeau ! Qu'est-ce que c'est que cette comédie que vous mettez en scène ? Le seul qui a de la classe dans cette farce, est assis à côté de moi !"
"Et je suis venu vous le dire, l'âme de ce garçon est intacte ! Elle n'est pas négociable ! Une des personnes présentes, et je ne dirai pas qui, a voulu l'acheter. Mais l'âme de Charlie n'était pas à vendre. Je vous ferai voir moi jusqu'on peut aller ! Allez trop loin, vous ne savez pas ce que c'est ! Je vous ferai voir mais je suis trop vieux, trop fatigué, et bien sûr aveugle."
"Si seulement j'étais le même homme qu'il y a 5 ans, c'est au lance-flammes que j'attaquerais Baird ! À qui croyez-vous vous adresser ? J'en ai vu des choses, vous savez. Il fut un temps où je n'étais pas aveugle. Un temps où j'ai vu des gamins comme ceux-là, et plus jeunes que ceux-là, les jambes arrachées, les bras déchiquetés par les bombes !"
"Mais il n'y a rien de pire que le spectacle de l'amputation d'un esprit ! Il n'existe aucune prothèse pour ça. Vous croyez simplement renvoyer ce splendide fantassin dans ses foyers au bout de l'Oregon, la queue entre les jambes pour tout salaire ? Moi, je dis que vous êtes en train d'exécuter son âme ! Et pourquoi ? Parce qu'il n'est pas compagnon de Baird ?"
"Faites-lui du mal et on vous appellera les compagnons de merde tous autant que vous êtes. Et Harry, Jimmy, Trent ! Où que vous soyez ! Allez vous faire foutre ! Quand je suis arrivé ici, j'ai entendu ces mots : 'Berceau des dirigeants du pays'. Quand la proue du bateau se brise, le berceau va par le fond et il coule corps et bien."
"Vous qui formez les chefs, qui façonnez nos dirigeants, faites bien attention au genre de dirigeants que vous nous préparez. Je ne sais pas si le silence de Charlie est justifié ou non. Je ne suis ni juge ni juré. Mais il y a une chose que je sais. Ce n'est pas quelqu'un qui vendrait père et mère pour se payer un avenir !"
"Et ça mes amis, ça s'appelle l'intégrité ! Ça s'appelle le courage ! Voilà l'étoffe dont nos dirigeants devraient être faits ! Se retrouver à la croisée des chemins, ça m'est déjà arrivé. À chaque fois je savais quel était le bon chemin. Sans aucune exception, je le savais. Mais je ne l'ai jamais suivi. Vous savez pourquoi ?"
"Il m'aurait fallu ce qu'on appelle le courage. Et maintenant regardez Charlie. Il est à la croisée des chemins. Il a choisi sa voie. C'est la bonne voie. C'est une voie fondée sur des principes qui forgent un caractère. Laissez-le poursuivre sa route. Protégez-le. Prenez-en soin. Et vous pourrez être fiers de lui un jour, je vous le promets."
Après ce discours absolument mémorable scandé par un Al Pacino fascinant et habité, des applaudissements nourris retentissent dans toute la salle. On peut aussi saluer la performance du comédien de doublage Bernard Murat, qui prête sa voix à Al Pacino, retranscrivant parfaitement le jeu intense et puissant de son homologue.
Si vous souhaitez (re)voir Le Temps d'un week-end, le film est disponible sur Netflix.
publié le 14 mars, Vincent Formica, Allociné