C'est l'un des plus grands films de guerre qu'il faut avoir vus dans sa vie... 48 ans après, il reste indépassable !
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Un chef-d'œuvre de guerre oublié, brutal et inégalé depuis près de 5 décennies : retour sur "Croix de fer", le film-choc de Sam Peckinpah, à (re)découvrir d'urgence.
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Il y a près d'un demi-siècle, un film de guerre d'exception voyait le jour, s'imposant rapidement comme un classique incontournable du genre. Sorti en 1977, Croix de fer est la seule incursion dans le cinéma de guerre du légendaire Sam Peckinpah, réalisateur connu pour son style intense et sa vision sombre.
L'histoire se déroule en 1943, sur la péninsule de Taman, où l'armée allemande est en pleine retraite face à l'avancée soviétique. Le film suit le régiment commandé par le colonel Brandt, auquel vient s'ajouter un nouveau commandant de bataillon, Stransky. Ce dernier, un aristocrate prussien ambitieux, cherche avant tout à obtenir la fameuse Croix de fer, symbole ultime de bravoure sur le front. Mais il doit rapidement composer avec le sergent Steiner, un soldat aguerri et respecté de ses hommes, qui méprise profondément ses supérieurs. Cette rivalité intense est au cœur du récit.
Contrairement à ce que certains ont pu penser, Peckinpah ne cherche pas à glorifier la guerre dans ce film. Au contraire, Croix de fer est un véritable manifeste anti-militariste, brutal et sans concession. Le réalisateur voulait même rebuter les spectateurs, en montrant l'horreur et la futilité des combats. Cette approche rappelle la violence réaliste que le public découvrira plus tard dans des films comme Il faut sauver le soldat Ryan, célèbre notamment pour sa séquence du débarquement. Pourtant, déjà en 1977, Peckinpah avait frappé fort avec des scènes tout aussi intenses et dérangeantes.
Un production chaotique pour un résultat fantastique
Le tournage du film fut loin d'être une promenade de santé. Adapté du roman La peau des hommes de Willi Heinrich, le projet a connu plusieurs difficultés : un scénario retravaillé à de nombreuses reprises, un tournage en Yougoslavie avec une équipe internationale, ce qui compliquait la communication, ainsi que des problèmes financiers. Pourtant, malgré ces obstacles, Sam Peckinpah a réussi à livrer une œuvre puissante et visuellement impressionnante, magnifiée par le travail remarquable du directeur de la photographie John Coquillon et un montage rigoureux qui accentue la tension et la force du récit.
La confrontation centrale entre James Coburn, dans le rôle du sergent Steiner, et Maximilian Schell, incarnant le commandant Stransky, est un des points forts du film. Coburn, qui trouvait avoir un peu trop vieilli pour ce rôle à 48 ans, livre pourtant une performance mémorable, donnant vie à un personnage à la fois dur et profondément humain - montrant le point de vue d'un soldat allemand, plutôt rare à l'époque.
Cette opposition culmine dans une dernière scène chargée de tension, où Stransky promet : "Je vais vous montrer comment un officier prussien sait se battre !", avant que Steiner ne réponde, sur un ton glaçant : "Et moi je vais vous montrer... Comment ça se gagne une Croix de fer." La version originale, plus forte, dit quant à elle : "And I'll show you... Where the iron crosses grow." ("Et moi je vais vous montrer... Où poussent les Croix de fer").
Au fil des décennies, Croix de fer est restée une œuvre majeure, une immersion sombre et sans fard dans les méandres du conflit, loin de tout héroïsme facile, et toujours aussi percutante aujourd'hui.
Croix de fer est à revoir en VOD.
publié le 5 octobre, Aude Mackau, Allociné