Actus cinéma

"Ce n'est pas un être humain, c'est une idée" : c'est l'un des plus fabuleux méchants de l'Histoire du cinéma, et il n'a pas fini de nous hanter 17 ans après

© Paramount Pictures France

Si Javier Bardem a incarné de très mémorables méchants dans sa carrière, comme dans "Perdita Durango", "Skyfall" bien sûr ou même Pablo Escobar, le glaçant et inarrêtable Anton Chigurh de "No Country For Old Men" tutoie les sommets.

"C'est quoi le plus gros que vous ayez perdu à pile ou face ?" demande Anton Chigurh à un gérant de station d'essence, à moitié perdue aux abords du désert. "Je sais pas, je peux pas dire..." lui répond-t-il, éberlué. Impavide, le tueur au regard fou s'amuse à faire parier le malheureux contre son gré pour sauver sa vie...

En 2008, No Country For Old Men hissait à nouveau les frères Coen vers de nouvelles cimes. Crépusculaire, virtuose et puissamment mis en scène, ce polar magistral est en outre porté par un casting impérial, à commencer par Javier Bardem, puisque c'est de lui dont on parle, qui livre une extraordinaire composition sous les traits d'Anton Chigurh.

Tueur sanguinaire, inarrêtable ou presque, sans pitié, le regard vitreux dénué de toute émotion et bien entendu d'aucune empathie, aidé dans sa sinistre besogne d'un pistolet d'abattage destiné aux bestiaux, il promène son inquiétante silhouette comme une créature démoniaque en semant la mort partout où il passe.

L'Académie des Oscars ne s'était d'ailleurs pas trompé, en lui décernant l'Oscar du Meilleur acteur dans un second rôle, sur les trois remportés par le film. Mais l'acteur recevra aussi aussi un Golden Globe, et un BAFTA.

Quand Joel et Ethan Coen ont approché Javier Bardem pour incarner Chigurh, il leur a répondu : "Je ne conduis pas, je parle mal anglais et je déteste la violence". Les frères Coen ont répondu : "C'est pour ça qu'on vous a appelé".

"Ce n'est pas un être humain, c'est une idée"

Si Javier Bardem a eu l'occasion d'incarner de mémorables méchants à l'écran, que ce soit dans le déjanté (et culte !) Perdita Durango, Skyfall ou même Escobar, Anton Chigurh et son impayable coupe au bol occupe quand même une place à part dans sa filmographie.

"Un personnage avec une coupe que je ne porterai plus jamais !" nous confiait l'acteur, lorsque nous l'avions rencontré en 2018, balayant avec lui quelques uns de ses rôles mémorables. "La différence entre lui et Pablo Escobar ? C'est que Anton Chigurh incarne une idée, la symbolique même de la violence, ce qu'elle représente dans la société américaine, d'où elle vient. Une violence et une idée que vous ne pouvez pas détruire. Il est toujours présent, et viendra vous chercher. Ce n'est pas un être humain, c'est une idée ! C'est pour ça qu'il est inarrêtable, car on n'arrête pas une idée. Et les idées ne meurent jamais".

Dans la peau d'un homme "qui vient de nulle part", comme il l'expliquait au micro de Première l'année de la sortie du film, Bardem est en vérité si bon dans son rôle de psychopathe, que dans une étude menée en 2013 par des psychiatres de l'Université libre de Bruxelles sur les tueurs psychopathes du septième art, Anton Chigurh y était classé comme celui qui représente le mieux la psychopathie à l'écran. Une performance saluée par des experts en la matière, c'est quand même pas mal.

publié le 23 avril, Olivier Pallaruelo, Allociné

Liens commerciaux