"Ce n'était vraiment pas facile" : il y a 26 ans, Star Wars a détruit la carrière de cet acteur

Un quart de siècle après la sortie de "La Menace fantôme", Ahmed Best, qui a incarné Jar Jar Binks, est revenu avec émotion sur son expérience dans l'univers Star Wars, marquée autant par l'innovation que par un rejet brutal de la part du public.
En 1999, George Lucas relançait la machine Star Wars avec une nouvelle trilogie racontant les prémices des personnages cultes de la saga. Si ces épisodes ont depuis été réévalués positivement par une grande partie des fans, leur sortie initiale avait été reçue avec beaucoup de scepticisme. Et une cible, en particulier, avait obnubilé les critiques : Jar Jar Binks, créature maladroite censée amener de l'humour à l'histoire.
C'est Ahmed Best qui prêtait sa voix, ses gestes et sa performance complète à ce personnage, devenant par la même occasion (pour la première fois dans l'histoire du cinéma) le premier acteur à être filmé en motion capture pour un film grand public. Une prouesse technologique, mais aussi un lourd fardeau, comme il l'a récemment confié lors d'un entretien avec le magazine People.
"Nous étions dans notre bulle en tournant le film", s'est-il souvenu. "Donc lorsque je suis sorti de cette bulle, je me suis dit que tout le monde allait apprécier ce que nous avions fait, parce que si les gens ressentaient la même chose que ce que nous avions ressenti au moment de créer [le film], ça allait être incroyable. Mais il y avait déjà des espèces d'idées préconçues, et cette haine en ligne, qui commençait déjà à bouillonner. Les gens en parlaient déjà avant même que le film ne soit sorti."
Une blessure profonde
Le choc a été rude pour le jeune comédien, alors âgé de 26 ans. En pleine ascension, il s'est retrouvé isolé, pris dans la tourmente d'un rejet massif et souvent violent, sans soutien réel. Personne avant lui n'avait traversé une telle situation, car la technologie qu'il incarnait - la motion capture - était encore inédite dans l'industrie.
"Ce n'était vraiment pas facile. J'étais très jeune. J'avais 26 ans. (...) Toutes ces années, on pense qu'on est arrivé au sommet, qu'on a atteint le plus haut niveau, et puis, tout à coup, les gens tirent le tapis en-dessous de vous. Je me demandais ce qui allait m'arriver ensuite. Ma carrière s'était terminée là où elle avait commencé. Je ne savais pas quoi faire, et malheureusement, il n'y avait vraiment personne capable de m'aider, parce que ma position était unique. Ce n'était jamais arrivé avant dans l'histoire."
Légende : "Le jour où il a passé les essais pour Jar Jar Binks, Ahmed Best ne s'attendait pas à rencontrer George Lucas. Vingt-cinq ans plus tard, Best revient sur La Menace Fantôme et sur son travail avec Industrial Light & Magic."
Submergé par les critiques et la brutalité des réactions, Ahmed Best a traversé une période très sombre. Il a même avoué avoir eu des pensées extrêmes.
"Je n'avais pas envie de blesser ma famille en faisant cela, donc c'est quelque chose de plus grand que moi qui m'a fait reculer. J'étais toujours perdu. Je n'arrivais toujours pas à trouver mon équilibre, et je ressentais toujours toute cette injustice."
Au fil du temps, il a trouvé un nouveau sens à sa vie, loin des plateaux de tournage. Il a quitté le métier d'acteur et s'est reconverti dans l'enseignement, partageant aujourd'hui ses expériences et ses réflexions en tant que conférencier à l'Université de Californie du Sud (USC).
publié le 15 juin, Aude Mackau, Allociné