Alors que les feux mal éteints de la guerre civile qui a ravagé la Syrie ne demandent qu'à être ravivés, et que les fantômes du califat de l'Etat Islamique hantent les terribles souvenirs de ceux et celles qui ont survécu sous leur régime meurtrier, la ville de Raqqa panse ses plaies.

Raqqa, la ville martyre, ancienne capitale autoproclamée de l'Etat Islamique, a été détruite à 80%. Raqqa manque de tout, et se reconstruit seule, sans aide internationale, ou si peu. Mais c'est aussi une ville d'une exceptionnelle résilience.

A l'image de sa maire, Leila Mustapha, au coeur du formidable et poignant documentaire 9 jours à Raqqa, signé par Xavier de Lauzanne, à qui l'on devait d'ailleurs un très émouvant documentaire sorti en 2016, Les pépites. Le documentaire est disponible sur Prime video.

Leila Mustapha, 30 ans, ingénieure en génie civil, trois fois major de sa promotion, est la jeune maire de la ville à l'époque du documentaire. Plongée dans un monde d'hommes, elle a pour mission de reconstruire sa ville en ruines après la guerre, de réconcilier et d'y instaurer la démocratie. Une mission hors normes. Une écrivaine et journaliste française, Marine de Tilly, traverse l'Irak et la Syrie pour venir à sa rencontre. Dans cette ville encore dangereuse, elle a 9 jours pour vivre avec Leila et découvrir son histoire.

Au-delà d'être le portrait de cette jeune femme, 9 jours à Raqqa est une passionnante radiographie d'une ville qui apparaît comme un extraordinaire laboratoire d'un après possible; une forme de modèle de cohabitation en bonne intelligence entre groupes tribaux et ethniques différents, où la parité ethnique et sexuelle est possible. Un modèle de gestion qui est une exception dans le monde arabo-musulman.

In fine, 9 jours à Raqqa est d'autant plus émouvant d'ailleurs lorsqu'on sait que Leila Mustapha est morte le 25 novembre 2023, à la suite d'une opération chirurgicale à Damas, où elle était traitée pour un cancer.