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Découverte sur internet grâce à des vidéos humoristiques, elle devient une cinéaste acclamée ! Qui est Eva Victor, réalisatrice de Sorry, Baby ?

© Thomas Desroches

Avec "Sorry, Baby", film de clôture de la Quinzaine des cinéastes, Eva Victor, 31 ans, écrit, réalise et incarne le premier rôle. Nous avons rencontré cette révélation lancée à Sundance et applaudie au Festival de Cannes.

2019. Sur le réseau social Twitter, Eva Victor se fait connaître grâce à des petits sketchs d'une minute. Les vidéos deviennent virales et cumulent des milliers de partages. Six ans plus tard, à 31 ans, elle clôture la Quinzaine des cinéastes, à Cannes, avec Sorry, Baby, long métrage qu'elle réalise, écrit et dans lequel elle incarne le rôle principal.

Cette Américaine née à Paris - dont le français est irréprochable - est l'une des nouvelles sensations du cinéma indépendant outre-Atlantique. Son film est présenté en janvier dernier au prestigieux Festival de Sundance et reçoit un accueil dithyrambique. Ici, c'est la même musique.

Avec son personnage Agnès, héroïne qui tente de se reconstruire après une agression sexuelle, la cinéaste touche le cœur de sa génération. Si bien qu'à la fin de la première séance au Théâtre Croisette, ce jeudi 22 mai à 10h30, une poignée de jeunes spectatrices se dirigent tout autour de la réalisatrice pour lui poser des questions, la féliciter ou tout simplement la remercier.

Un des nombreux sketchs d'Eva Victor sur Twitter :

"J'ai été très frappée par leur jeune âge, s'enthousiasme Eva Victor lors de notre rencontre. Je me suis dit : "Waouh !" Je ne m'attendais pas à voir autant de jeunes, c'est émouvant de rencontrer des gens qui ont été touchés par le film." Alors que l'époque est à la libération de la parole, Sorry, Baby frappe juste avec humour, délicatesse et intelligence.

La cinéaste, actrice et réalisatrice s'intéresse plus particulièrement au processus de guérison et retrace les différentes étapes du traumatisme : la dépression, l'impossibilité d'avancer, l'acceptation et la reconstruction. Le tout s'articule autour d'une belle histoire d'amitié entre Agnès et Lydie (Naomi Ackie).

Barry Jenkins en mentor

"Je voulais vraiment que Sorry Baby parle de ces années particulières, des petits progrès, mais aussi du long chemin que représente la reconquête de sa vie et de son corps", détaille-t-elle. Grâce à ses vidéos sur internet, Eva Victor est repérée par Barry Jenkins, le réalisateur de Moonlight. Elle lui envoie son scénario et le cinéaste lui propose de mettre en scène elle-même cette histoire.

"Je pense que cela a semé en moi l'idée que je pouvais faire quelque chose que je n'aurais jamais cru possible auparavant, ajoute-t-elle. Il a vu en moi ce que je voulais qu'on voie. Le tournage a été 24 jours d'adrénaline pure. C'était non-stop mais j'ai adoré chaque moment."

Sorry, Baby est une œuvre parfaitement ancrée dans son époque, celle qui s'autorise enfin à voir et écouter les victimes d'abus sexuels. Eva Victor s'empare de ce sujet sans une once de misérabilisme et livre un beau film sur la reconstruction.

Propos recueillis par Thomas Desroches, le 22 mai, à Cannes

Sorry, Baby, au cinéma le 23 juillet au cinéma

publié le 23 mai, Thomas Desroches, Allociné

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