Actus cinéma

Dominique Besnehard : "Aujourd'hui, les comédiens ne sont plus sûrs de durer"

Dominique Besnehard au Festival du film de Saint-Jean-de-Luz, le 14 octobre 2012.

© Jérôme Domine - Dominique Besnehard au Festival du film de Saint-Jean-de-Luz, le 14 octobre 2012., Abaca

Pour la promotion de son ouvrage "ARTMEDIA, une histoire du cinéma français" fraîchement paru aux Éditions de L'Observatoire et écrit avec Nedjma van Egmond, Dominique Besnehard écume les plateaux. Lundi 5 avril 2021, il a été interrogé par Léa Salamé dans l'émission L'invité de 7h50. L'occasion de dresser quelques constats sur le cinéma français actuel.

Le plus célèbre agent de stars, également créateur de la série "Dix pour cent" et producteur d'oeuvres pour la télévision comme le cinéma, narre l'aventure d'ARTMEDIA dans un beau-livre qui séduira les cinéphiles. Sur plusieurs décennies, le grand ami de Nathalie Baye et Béatrice Dalle y dévoile les coulisses de cette industrie prolifique : son patron Gérard Lebovici qui n'a jamais pu obtenir Alain Delon dans ses filets, les appels quotidiens de Jean-Claude Brialy, l'accès privatif de Jean-Paul Belmondo dans l'agence nommé "porte Belmondo", le coffre d'argent à disposition de certains talents, ... Une belle époque dont Dominique Besnehard est nostalgique ! L'homme a été témoin des profonds changements subis dans le milieu : "Tout comme la société change, le cinéma aussi." Même si "le cinéma français est le meilleur fournisseur de talents depuis les années 60" !

"À part Jean Dujardin, je ne vois pas beaucoup de stars aujourd'hui"

"Dans les années 70, quand un film de Delon sortait, les gens avaient un rendez-vous avec lui. Avec Belmondo, avec Romy (Schneider, ndlr). Aujourd'hui, il y a tellement de propositions, de médias, que pour durer... une jeune comédienne qui a un certain succès n'est pas sûre de durer", a-t-il commencé par expliquer avant d'assurer : "Les gens sont devenus infidèles : ils allaient voir un Sautet, maintenant ils vont de temps en temps voir un Ozon."

Auprès du magazine ELLE, Dominique Besnehard est revenu sur ces acteurs qui sont de grands "sensibles" : "Pour beaucoup des jeunes comédiens, je les trouvais dans la rue. La drogue est passée par là malheureusement et certains ont été abîmés. Les César des meilleurs espoirs de l'époque, ils ont presque tous été chez moi. Mais, malheureusement, quelques-uns sont devenus des acteurs Kleenex. Ils avaient des gueules mais pas tous le bagage et les racines pour durer." Puis de conclure avec tristesse : "Le cinéma est moins flamboyant qu'à cette époque (les années 1980, ndlr). La télé-réalité a tout banalisé. Les jeunes dans les cours de théâtre rêvent d'être pris dans une série plutôt que dans un film. Côté producteurs, heureusement, il y a de grandes personnalités (...) C'est plutôt du côté des acteurs que je suis inquiet. À part Jean Dujardin, je ne vois pas beaucoup de stars aujourd'hui. Quant aux actrices, il n'y a pas si longtemps, beaucoup semblaient préférer décrocher un contrat avec une marque qu'un premier rôle dans un film..."

publié le 7 avril, Elodie Falco, Jellyfish France

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