Il y a 26 ans, la fin de ce thriller culte des années 90 a laissé les spectateurs sans voix : pourquoi est-elle aussi marquante ?

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En 1999, David Fincher mettait en scène une de ses oeuvres les plus marquantes : "Fight Club". Fidèle à ses habitudes, le cinéaste nous laisse sans voix avec un dénouement absolument de folie, comme il l'avait fait pour "Seven" ou "The Game".
En 1999, après nous avoir mené en bateau avec The Game, David Fincher revenait en force avec une oeuvre qui allait marquer son temps : Fight Club. Nous y suivions le narrateur, incarné par Edward Norton.
Ce dernier, sans identité précise, vit seul, travaille seul, dort seul, mange seul ses plateaux-repas pour une personne comme beaucoup d'autres personnes seules qui connaissent la misère humaine, morale et sexuelle.
C'est pourquoi il va devenir membre du Fight club, un lieu clandestin ou il va pouvoir retrouver sa virilité, l'échange et la communication. Ce club est dirigé par Tyler Durden (Brad Pitt), une sorte d'anarchiste entre gourou et philosophe qui prêche l'amour de son prochain.
Un dénouement qui laisse sans voix
Si le long-métrage a marqué les esprits par sa tonalité sombre et nihiliste, c'est surtout sa fin qui a bouleversé et choqué toute une génération de spectateurs. Après une série d'événements de plus en plus violents orchestrés par le Projet Chaos, le narrateur découvre qu'il est en réalité la même personne que Tyler Durden, son alter ego, né de ses troubles mentaux et de son aliénation face à la société moderne.
Cette révélation sonne comme un coup de massue pour le spectateur, qui va se retrouver encore plus déconcerté et choqué par ce qui va suivre. Alors que Tyler essaie de faire exploser plusieurs immeubles abritant des centres de données pour "remettre les compteurs à zéro" (effacer les dettes), le narrateur prend conscience qu'il doit se débarrasser de ce double pour mettre fin cette spirale destructrice.
Dans une scène emblématique, il se tire une balle dans la bouche, symbolisant le rejet de Tyler et par conséquent la mort de cette partie de lui-même. Tyler disparaît, laissant le narrateur vivant, bien que gravement blessé.
Une main tendue
La scène finale montre le héros, main dans la main avec Marla Singer (Helena Bonham Carter), regardant les immeubles exploser au loin, pendant que résonne la chanson "Where Is My Mind" des Pixies. Avec une impuissance visible et un apparent détachement, le duo regarde en quelque sorte "le monde" s'effondrer sous leurs yeux.
Dans un geste radical de libération contre le capitalisme, la société de consommation et l'aliénation moderne, le narrateur termine son oeuvre de destruction. Après avoir éliminé son alter ego, il renaît dans les cendres d'un nouveau monde, purifié de toutes ses aliénations. Cet acte nihiliste est la matérialisation du fantasme de tout raser pour repartir à zéro, un thème central dans le film.
Un nouvel espoir
Cependant, si ce dénouement semble absolument terrible et cruel, il nous laisse tout de même une lueur d'espoir. En effet, le narrateur finit par tuer cette fascination pour l'ultra-violence comme réponse au vide existentiel. En "tuant" Tyler, il reprend le contrôle de lui-même et ne rejette plus sa vulnérabilité, même si ce n'est que le début d'un long chemin vers la guérison.
De plus, dans les dernières secondes du film, le narrateur tient la main de Marla, un geste rare et intime dans ce récit dominé par la violence et le repli sur soi. Cela met en exergue le pas en avant du héros vers l'acceptation de la vulnérabilité et de l'attachement. C'est une opposition directe au discours de Tyler, qui prônait la solitude, l'indifférence, et le rejet de l'amour.
Cette fin nous offre ainsi une belle ouverture vers une belle connexion humaine. Enfin, comme David Fincher est perfectionniste et très malin, la chanson finale des Pixies, "Where Is My Mind", n'a pas été choisie au hasard. Ce tube reflète parfaitement l'état du narrateur, entre perte de repères, dissociation, mais aussi prise de conscience, même au milieu de ce chaos.
Si vous avez envie de revoir Fight Club, le film est disponible sur la plateforme Disney+.
publié le 17 juin, Vincent Formica, Allociné