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"J'ai fait quelques films qui n'ont pas été très heureux" : quand Jean Gabin revenait avec franchise sur sa traversée du désert et le film qui l'a sauvé

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En 1959, Jean Gabin revenait sans détour sur les films qu'il a tourné alors qu'il était au creux de la vague, avant son grand retour grâce à Michel Audiard.

© Les Films Copernic

Jean Gabin n'a pas toujours été une star incontestée du cinéma français. L'acteur a connu une époque que son biographe André Brunelin qualifiait volontiers de "période grise", durant laquelle les rôles étaient moins intéressants et que le public s'était lassé de lui.

"Ça m'a donné des complexes"

Si nous vous avions relaté ses hauts faits durant la Seconde Guerre mondiale, le héros de La Bête humaine, qui était parti en Amérique alors qu'il était au sommet de sa gloire, a connu un retour difficile dans l'Hexagone, dont sa carrière a mis des années à se remettre. Ecoutez la façon dont il en parlait au micro de Léon Zitrone en 1959, quatre ans à peine après en être sorti :

"J'étais parti en pleine forme si j'ose dire, je suis parti à la guerre j'avais 35-36 ans, et à ce moment-là, je jouais encore les jeunes premiers. Je suis revenu avec les cheveux blancs. Et ça m'a donné des complexes, d'avoir les cheveux blancs. Parce que je ne pouvais plus penser, jouer les emplois que je jouais avant la guerre. Alors je me suis cherché un peu, j'ai fait quelques films qui n'ont pas été très heureux. Et puis vous savez, le public est parfois exigeant, il voulait probablement me retrouver comme il m'avait quitté mais j'avais dix ans de mieux, et je les avais physiquement et sur mon visage (...)".

En effet, durant la période 1945-1954, Jean Gabin va peiner à retrouver son statut d'avant-guerre, et sa carrière va s'en ressentir. Et effectivement, il se cherche. C'est à la fois le moment où son physique lui vaut des rôles de grands bourgeois, de riches industriels (La Marie du port, La Vérité sur Bébé Donge, Le Sang à la tête) mais il cherche toujours à jouer les ouvriers de ses débuts comme le conducteur de train de La Nuit est mon royaume ou le menuisier du Plaisir ou l'entraîneur de boxe de L'Air de Paris.

Comment est-il revenu au top ?

Il y a même une année, 1948, durant laquelle Gabin ne travaille pas du tout, une première depuis ses débuts (les années de guerre mises à part). Puis, "la chance" va le remettre sur le devant de la scène. La chance, et surtout un très beau rôle :

"J'ai tourné un film avec [René] Clément, qui s'appelait Au-delà des grilles, qui a été un succès. Et puis j'ai eu la grande chance - car il y a une énorme part de chance dans ce métier - de tourner Touchez pas au grisbi. C'était en quelque sorte une réplique de ce qu'avait été Pépé le Moko dans l'temps avec 15 ou 20 ans de plus, le film a marché et c'est reparti (...)".

Jean Gabin redevient en effet et quasi instantanément la star du cinéma français qu'il était avant la guerre, retrouvant des rôles marquants dès l'année 1955, où il rencontre Michel Audiard qui commence à lui signer des dialogues, rencontre que nous vous avons déjà racontée. Il ne redescendra ensuite plus jamais du devant de la scène jusqu'à sa mort le 15 novembre 1976.

publié le 10 août, Corentin Palanchini, Allociné

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