"Je ne peux pas" : pourquoi voit-on de moins en moins Richard Gere au cinéma ?

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L'acteur américain Richard Gere travaille encore beaucoup, mais plus vraiment avec les grands studios hollywoodiens, et il y a une raison à cela.
L'acteur américain Richard Gere est l'un des visages du cinéma des années 90, mais on l'a finalement peu vu à l'écran ces dernières années. La raison ? Beaucoup de studios hollywoodiens refusent de le faire tourner à cause de ses prises de position qui ne plaisent pas à tout le monde, comme il l'avait confié au Hollywood Reporter en 2017 :
"Si j'avais travaillé avec ce réalisateur..."
"Il y a clairement des films dans lesquels je ne peux pas être, car les Chinois vont dire : 'Non, pas lui'. J'ai récemment vécu un tel épisode, avec quelqu'un qui a dit qu'il ne pouvait pas financer un film avec moi car cela mettrait les Chinois en colère."
Mais ce n'est pas un épisode isolé, comme l'a confirmé l'acteur : "Je devais faire un projet avec un réalisateur chinois, et deux semaines avant le tournage, il m'a appelé pour me dire : 'Désolé, je ne peux pas le faire'. Nous avons eu un appel secret sur une ligne protégée. Si j'avais travaillé avec ce réalisateur, lui et sa famille n'auraient plus jamais été autorisés à quitter le pays et il n'aurait plus jamais travaillé."
Pourquoi est-il persona non grata ?
Tout a commencé en 1993, alors que Gere était convié à présenter l'Oscar de la Meilleure direction artistique. En guise d'introduction, l'acteur salue le fait qu'un "milliard" de personnes regardent la cérémonie et oriente son propos sur la "situation horrible, horrible pour les droits humains en Chine, pour ses habitants comme le Tibet".
Il demande alors au reste du monde d'envoyer "de l'amour, de la vérité et de la raison" à Deng Xiaoping, alors Président de la Commission militaire centrale du Parti communiste chinois à la retraite mais officieusement toujours politiquement actif, "afin qu'il retire ses troupes, que la Chine quitte le Tibet et rende à ce peuple sa liberté et son indépendance."
Sur le moment, la salle applaudit, d'abord timidement, puis assez fortement au message transmis par l'acteur, mais pour Gil Cates, le producteur de l'émission, c'en est trop : Richard Gere est allé trop loin. S'en prendre à la Chine, c'est s'en prendre à des investisseurs puissants du monde du cinéma, notamment Sony, qui avait racheté Columbia Pictures quatre ans plus tôt. Dès lors, il est exclu de la présentation des Oscars.
Le banni
En 1982, Richard Gere s'était converti au bouddhisme tibétain, devenant un ami proche du dalaï-lama Tenzin Gyatso et créant 5 ans plus tard la Tibet House à New York, consacrée à préserver la culture tibétaine. En 2008, la Chine profite de la crise économique pour investir en masse dans les studios américains et les réseaux de salles de cinéma. La même année, Gere, lui, demande le boycott des Jeux de Beijing.
Ses prises de position se sont donc poursuivies bien après son intervention remarquée aux Oscar, menant à son bannissement par la Chine.
L'acteur de Peur primale et Pretty Woman tourne cependant toujours, et vient d'ailleurs d'apparaître dans la série policière et d'espionnage The Agency, au côté de Michael Fassbender, Jeffrey Wright, Jodie Turner-Smith et Katherine Waterston. Il était en décembre au cinéma dans Oh Canada de Paul Schrader, tourné en indépendant.
publié le 25 février, Corentin Palanchini, Allociné