Connu mondialement pour avoir terrifié des générations entières grâce à ses romans et leurs adaptations cinématographiques, Stephen King est considéré comme le maître incontesté de l'horreur. Pourtant, contre toute attente, son film préféré n'appartient pas du tout à ce genre...

Depuis la sortie de Carrie en 1974, Stephen King a enchaîné les succès littéraires : plus de 60 romans, environ 200 nouvelles, et une multitude d'adaptations à l'écran, du grand classique Shining au terrifiant Ça, en passant par Misery ou encore Stand by Me. Bien qu'il ait exploré différents genres au fil de sa carrière, l'horreur reste son terrain de jeu favori - celui dans lequel il excelle depuis plus de 50 ans.

Mais lorsqu'il s'agit de parler de cinéma, l'écrivain surprend souvent par ses goûts éclectiques, notamment sur les réseaux sociaux, où il commente régulièrement les films qu'il apprécie, anciens comme récents.

Une passion inattendue pour un film oublié

En 2017, Stephen King a partagé sa liste de films favoris dans un article publié par le British Film Institute. Parmi plusieurs classiques du fantastique et de l'horreur, un titre se distingue, occupant sans conteste la première place : Sorcerer (Le Convoi de la peur en français), un thriller intense réalisé en 1977 par William Friedkin.

Ce choix peut sembler étonnant, d'autant plus que le film a été un échec commercial à sa sortie : seulement 9 millions de recettes malgré un budget conséquent de 22 millions de dollars. Pourtant, cela ne l'empêche pas de figurer au sommet du panthéon cinématographique personnel de King.

Le thriller de Friedkin, bien plus qu'un simple remake

Inspiré du roman Le Salaire de la peur de Georges Arnaud, Sorcerer n'est pas le premier film à adapter cette histoire. En 1953, Henri-Georges Clouzot avait déjà signé une première version saluée par la critique, avec Yves Montand dans le rôle principal. Mais pour Stephen King, il n'y a aucun doute : la version de Friedkin, sombre et nerveuse, est supérieure.

"Mon film préféré de tous les temps, cela vous surprendra peut-être, est Sorcerer, le remake de William Friedkin du Salaire de la Peur du grand Henri-Georges Clouzot. Certains diront peut-être que le film de Clouzot est meilleur : je ne suis pas d'accord", affirme-t-il sans détour.

L'histoire suit quatre hommes venus de pays différents, tous en fuite, contraints de convoyer un chargement instable de nitroglycérine à travers une jungle sud-américaine. Un périple infernal, aussi physique que psychologique, qui plonge les personnages dans une tension insoutenable.

En deuxième position de son classement, Stephen King a également opté pour un thriller, choisissant cette fois Les Diaboliques (1955), un film réalisé par... Henri-Georges Clouzot !

Sorcerer, noté 4,2 sur 5 par les spectateurs d'AlloCiné, et porté entre autres par Roy Scheider, Bruno Cremer et Francisco Rabal, est également considéré par William Friedkin lui-même comme le sommet de sa carrière.

"J'adore le film. De tous les films que j'ai réalisés, c'est mon film préféré. C'est le seul film [...] où je ne changerais pas un seul plan. Et c'est le film qui se rapproche le plus de ma vision", avait-il confié lors d'une interview pour Yahoo !.

Friedkin, disparu en 2023 à l'âge de 87 ans, a toujours insisté sur le fait que Sorcerer n'était pas un remake du Salaire de la peur de Clouzot, mais plutôt une nouvelle adaptation cinématographique du roman original.

Et aujourd'hui, que reste-t-il de Sorcerer ?

Bien que tombé dans l'oubli pour le grand public, Sorcerer continue de fasciner les cinéphiles et certains grands noms du cinéma ou de la littérature. Il fait partie de cette catégorie de films sous-estimés à leur sortie, mais qui, avec le recul, révèlent une richesse et une maîtrise impressionnantes.

L'an dernier, Netflix a proposé une nouvelle adaptation du roman d'origine, réalisée par Julien Leclercq, avec Franck Gastambide et Alban Lenoir. Cette version assume un lien direct avec le film de Clouzot plutôt que celui de Friedkin, mais n'a pas rencontré un accueil très chaleureux.

Stephen King place ainsi en tête de ses films préférés un thriller méconnu au parfum de film maudit. Un choix qui en dit long sur ses goûts profonds, bien au-delà du frisson et du surnaturel. Comme quoi, même le roi de la peur peut être fasciné par la terreur... bien réelle.

Pour les curieux ou les nostalgiques qui souhaiteraient (re)découvrir Sorcerer, il va falloir se tourner vers les potentielles éditions physiques du film. Pour ce qui est du Salaire de la peur (1953), direction la VOD.