John Wayne : son film le plus controversé, c'est celui-là !

© Warner Bros.
L'acteur John Wayne a réalisé deux films à la gloire de l'Amérique. Le premier était un western, Alamo, sorti en 1960 et le second, qui a connu une vive controverse, Les Bérets verts, en 1968.
Nous sommes à l'été 1968. John Wayne sort un film ancré dans l'actualité. Depuis 1955, les Etats-Unis sont impliqués dans la Guerre du Vietnam qui oppose le nord du pays (soutenu par le bloc de l'Est et la Chine) au sud du pays (soutenu entre autres par les USA). Les jeunes américains sont donc mobilisés et envoyés pour participer à ce conflit difficile, et pour lequel ils étaient mal préparés.
"J'espère que [le film] suscitera un peu de patriotisme"
A l'époque, une partie de la jeunesse américaine se revendique pacifiste et anti-guerre, et refuse d'y être envoyée et de soutenir la politique américaine menée sur place. John Wayne, 60 ans à l'époque, ne comprend pas cette jeunesse anti-patriotique et décide de faire un film afin d'expliquer le travail de l'armée américaine sur place. Il s'appellera Les Bérets verts.
Wayne écrit avant de commencer le tournage : "J'espère que [le film] suscitera un peu de patriotisme chez ceux qui en manquent dans votre génération. Personnellement, j'espérais que ce film donnerait aux gens réfléchis des États-Unis une meilleure vision du danger actuel que représente le communisme."
Un film soutenu pour l'armée
Avec la collaboration de l'administration étatique et des forces militaires, Les Bérets verts se tourne aux Etats-Unis dans les studios de la Warner ainsi qu'en Georgie, en Floride et en Alabama, avec une équipe dont la moitié est pro-guerre et l'autre contre. John Wayne rappelle à tout le monde que l'objectif est de tourner un film sans prendre en compte les vues politiques de chacun.
Les Bérets verts soutient unilatéralement l'intervention américaine sur place. Le seul personnage du film dissonant à ce propos est celui du journaliste suivant les militaires, incarné par David Janssen et qui, une fois sur le terrain, finit par soutenir lui aussi la cause.
A sa sortie, Les Bérets verts est vivement critiqué dans la presse américaine qui tire dessus à boulets rouges, reprochant au film ce manichéisme, avec des références comme Roger Ebert mettant 0 étoile au film et écrivant :
"Si j'étais un soldat au Viêt Nam, je ne voudrais pas être représenté par 'Les Bérets verts'"
"[Dans ce film], nous semblons mener une guerre sans but précis contre un ennemi semi-anonyme. Il n'est pas question de démocratie ou de liberté, de nationalisme ou d'autodétermination. Il semble que la guerre ait été entièrement causée par l'ennemi et que celui-ci commette des atrocités parce qu'il y prend plaisir. (...) Ce n'est pas seulement malhonnête, c'est aussi injuste. Si j'étais un soldat au Viêt Nam, je ne voudrais pas être représenté par 'Les Bérets verts'. Je ne voudrais pas que mes concitoyens pensent que je suis aussi stupide et simple d'esprit que les Américains de ce film".
Les Bérets verts est cependant un grand succès public, rapportant 32 millions de dollars pour un budget de 7 millions. Le public soutient John Wayne, également co-producteur du film.
"Nous étions au cœur d'une guerre controversée, le pays était polarisé, c'était très sensible", se souvient son fils Patrick Wayne, également au casting du film. "Papa était d'avis qu'il s'agissait de combattants américains, qu'il était fier d'eux et qu'il fallait les présenter sous leur meilleur jour. Ils se battaient pour nous, nous les avions envoyés là-bas, nous devions donc les soutenir."
publié le 12 juin, Corentin Palanchini, Allociné