Formé à l'Actors Studio, aussi fabuleusement doué que très torturé et auto destructeur, Mickey Rourke a lutté (et lutte encore) contre ses vieux démons. Son meilleur ennemi, c'est lui-même. Encore plus lorsque l'on sait que l'acteur est réputé être sans filtre.

A l'écran, lorsqu'il se sent suffisamment en confiance, Mickey Rourke est capable de tout donner, pour livrer des compositions intenses et mémorables. On imagine à ce titre sa déception majuscule lorsqu'il a appris qu'il fut totalement coupé au montage par Terrence Malick dans la Ligne rouge en 1998, alors qu'il s'était donné corps et âme dans le rôle d'un sniper rebelle abandonné à son sort, sortant de la jungle uniquement parce qu'il n'a plus de munitions. Un personnage terrifié et rendu fou par les horreurs dont il avait été témoin.

"L'audition de Mickey Rourke a été particulièrement éprouvante"

Les années 90 ont été très difficiles pour Rourke. Fauché, il continuait à refuser de grands rôles tout en jouant dans des navets. Parce qu'il faut bien faire bouilllir la marmite, il passa en 1997 une audition pour un rôle dans une production Bruckheimer : Les Ailes de l'enfer.

Mais si, souvenez-vous ! Dans cette (violente) pépite de cinéma no brain no pain signée Simon West (et produit par Disney !) se trouvait Nicolas Cage, alias Cameron Poe, se clashant avec le détenu John Malkovich, surnommé "Cyrus le virus", et un casting 100% gros bras. Enfin, pas que, puisqu'on y trouve aussi un tueur aux penchants pédophiles incarné par Steve Buscemi. C'est dire le pedigree du film.

Bruce Willis avait refusé le rôle de Cyrus le virus, de même que le regretté Tom Sizemore et Willem Dafoe. Puis est venu Mickey Rourke, qui est allé un peu trop loin pendant son audition, comme le racontait le réalisateur au magazine Empire, en 2022.

"L'audition de Mickey Rourke a été particulièrement éprouvante. Il jouait une scène conflictuelle et un jeune assistant du directeur de casting lisait le rôle de Poe en face de lui. Mickey Rourke était nez à nez avec lui, puis il a sorti un couteau Bowie de 25 cm de derrière son dos, qui était tout à fait réel et incroyablement tranchant.

Et il l'a tenu sous le menton de ce pauvre garçon. Les directeurs de casting et moi sommes restés figés : devions-nous intervenir, le plaquer au sol ? Était-ce un jeu d'acteur génial ou avait-il perdu la tête et allait-il tous nous tuer ? J'ai honte de dire que nous ne sommes pas intervenus. Nous l'avons laissé terminer la scène".