Le film d'auteur indépendant le plus cher de tous les temps est une épopée de science-fiction de 4h47

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C'est l'un des films de science-fiction les plus ambitieux de tous les temps et l'un des plus chers aussi et malgré un accueil peu glorieux en salles en 1991, il est ressorti dans une version longue souhaitée par son réalisateur qui dure 4h47 !
Quand les visions des réalisateurs se heurtent aux studios et distributeurs, ça donne ça : des films qui auraient pu rencontrer le succès mais qui ont été tronqués ou parfois complètement revisités par d'autres, perdant de leur valeur au passage. Et même si les fameux "director's cuts" ne sont pas toujours mieux que les versions diffusées en salles, elles ont au moins le mérite d'être une vision d'auteur voulue, pouvant être évaluées pour ce qu'elles sont vraiment.
En 1991, c'est ce qui est arrivé au film de science-fiction Jusqu'au bout du monde.
C'est au cours d'une interview accordée à Vulture en 2015 que le réalisateur allemand Wim Wenders (Paris, Texas, Buena Vista Social Club) est revenu sur son (très long) film qui bien qu'épique n'a pas beaucoup fait parler de lui lors de sa sortie.
Prenant place à l'aube du XXIe siècle, alors que la Terre est menacée par un satellite atomique hors de contrôle, le long métrage mettait en scène Claire Tourneur (Solveig Dommartin, qui était la compagne du cinéaste) parcourant le monde à la poursuite de Trevor McPhee (William Hurt) dont elle est amoureuse.
Une vision différente
Le film, dont l'intrigue impliquait également un étrange appareil qui pouvait enregistrer des expériences visuelles et visualiser des rêves, avait tout d'audacieux : de son budget conséquent à sa durée, en passant par la vision de son réalisateur qui n'a pas abouti comme il le souhaitait - au début en tout cas.
"Ce film est probablement le plus ambitieux que j'ai jamais fait, et sans doute aussi le film d'auteur indépendant le plus cher de tous les temps, en tout cas à l'époque. C'était une histoire d'aventure épique, et nous avons tourné pendant un an", a expliqué Wim Wenders qui avait en tête un film d'une durée de 5 heures avant de se heurter aux distributeurs.
En effet, pour sa sortie en salles aux États-Unis, Jusqu'au bout du monde a dû être raccourci à une durée de 158 minutes (2h38), contre 179 minutes (2h59) en Europe.
"Le film idéal, celui que je voulais faire, atteignait une durée d'un peu moins de 5 heures. J'ai tenté en vain de convaincre mes coproducteurs et mes distributeurs de s'entendre sur une sortie en deux parties. Ils ont tous insisté sur leurs contrats."
La version tronquée de Jusqu'au bout du monde n'a par la suite pas très bien été accueillie en salle, étant à la fois un échec critique et commercial - malgré une belle bande originale mettant en avant des artistes tels que U2, Lou Reed, Patti Smith, Depeche Mode et Nick Cave. Aux États-Unis, le film a débuté dans 4 salles seulement, le total de ses recettes au box-office américain s'élevant alors à un peu moins de 830 000 de dollars, contre un budget estimé aux alentours de 22 millions.
Mais Wim Wenders n'avait alors pas dit son dernier mot : le cinéaste a en effet monté sa version désirée de 287 minutes de son côté et a projeté son film lors d'événements spéciaux.
Plusieurs années plus tard, le long métrage a même été restauré en 4K dans sa version longue, désormais disponible essentiellement en support physique.
publié le 23 février, Aude Mackau, Allociné