"Le héros de notre enfance qui n'a pas réussi à sauver le monde" : Reflet dans un diamant mort, joyau entre James Bond et Luchino Visconti

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En salle cette semaine, Reflet dans un diamant mort se révèle l'habile croisement des films d'agents secrets et du cinéma européen des années 60. Référencé mais moderne, sublime et pop', cette relecture séduira les cinéphiles de tous horizons !
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Une œuvre référencée, aux inspirations antithétiques
Suite à la disparition soudaine de sa voisine de chambre, un ancien agent secret (Fabio Testi), reclus dans un palace de la Côte d'Azur, s'imagine que ses ennemis jurés refont surface. Surtout la redoutable Serpentik (Thi-Mai Nguyen), qu'il n'a jamais réussi à démasquer.
Oscillant entre présent et passé, il remonte le film de sa vie, au risque de découvrir qu'il n'y tenait pas forcément le meilleur rôle. Et que les diamants sont loin d'être éternels...
Référence non-dissimulée aux films d'espionnage, et plus spécifiquement à la figure mythique de l'agent secret (James Bond en tête), mais aussi à ses déclinaisons européennes - au cœur du genre Eurospy - telles que le célèbre OSS 117, Reflet dans un diamant mort assume pleinement ses inspirations. Courses poursuites et gadgets, femmes fatales et opérations criminelles à grande échelle, autant d'éléments récurrents rigoureusement respectés par le cahier des charges de ce long-métrage millimétré, signé des noms de Hélène Cattet et Bruno Forzani (Laissez bronzer les cadavres, Amer).
Mais loin de se tenir au mimétisme, Reflet dans un diamant mort tire sa force de son hybridation cinématographique, refusant de limiter ses références à une typologie de films et puisant plutôt celles-ci dans la richesse filmique d'une époque prolifique : les années 60. Aux inspirations "Bondiennes" sont donc conjuguées des accents méditerranéens, rappelant notamment les œuvres iconiques de cinéastes tels que le grand Luchino Visconti (Le Guépard).
Sorties, news, interviews... Retrouvez toute l'actualité des films Indés "Tout est parti de la vision de Road to Nowhere de Monte Hellman en 2010, dans lequel jouait déjà Fabio Testi, racontent Hélène Cattet et Bruno Forzani. Il nous a fait penser à Sean Connery et son costume blanc nous renvoyait à Dirk Bogarde dans Mort à Venise de Visconti. C'est à ce moment que nous nous sommes dit : "Pourquoi ne pas imaginer un univers mêlant celui de James Bond avec celui de Mort à Venise, deux cinémas antithétiques ?"."
La subtile modernisation d'un genre iconique...
Pour autant, Reflet d'un diamant mort refuse d'être relayé au rang de simple hommage au genre de l'espionnage, s'arrachant à la comparaison par le parti pris d'une relecture résolument moderne. Réflexion sur le monde autant que sur le 7e art, aussi politique que métafilmique, le long-métrage aspire à dépasser la simplicité habituelle des films d'agents-secrets pour proposer une contemplation subtile des enjeux de société contemporains.
"Au fil des années, au gré des expositions qui nous ont nourris, du monde dans lequel on vit, des lieux qui nous sont familiers, etc... Cet univers a pris forme, expliquent Hélène Cattet et Bruno Forzani. L'idée n'était pas de faire un hommage mais de développer différents thèmes qui nous touchent en partant de ces univers. Un des premiers thèmes qui nous a inspirés, c'est celui du héros de notre enfance qui n'a pas réussi à sauver le monde. Et qui a même contribué à sa décadence."
Abandonnant l'idée de toute-puissance de l'agent-secret increvable et séducteur, évoluant dans une société d'abondance éloignée de toute préoccupation réaliste, Reflet d'un diamant mort projette la lecture de son intrigue par le prisme moderne de l'an 2025, révélant par exemple les failles d'une figure d'espion masculine souvent misogyne.
... portée par une direction artistique pop' et colorée
Loin d'être un simple manifeste sociétale, Reflet d'un diamant mort s'avère être un véritable joyau de mise en scène : gorgé de couleurs, de lumières et d'imageries oniriques, le long-métrage cultive une esthétique délicieusement vintage et multiplie les effets visuels quasi-chimériques.
Digne d'un clip pop' et contemporain, sublimé par une image en pellicule délicatement grainée qui séduira les cinéphiles de la première heure, Reflet dans un diamant mort brille d'une aura charmante et mystérieuse qui entraînera les spectateurs dans une transe onirique où se croisent les imaginaires cinématographiques de l'enfance. Une véritable pépite, à découvrir au cinéma dès maintenant.
publié le 25 juin, Isaac Barbat, Allociné