Actus cinéma

Mission Impossible : 5 questions restées sans réponse dans la saga avec Tom Cruise

© Paramount Pictures France

Si "The Final Reckoning" se présente comme une possible conclusion de la saga "Mission : Impossible" et qu'il résout l'un de ses mystères laissés en suspens, d'autres questions n'ont quant à elles pas eu de réponse. On fait le point.

ATTENTION - L'article ci-dessous contient quelques spoilers sur "Mission : Impossible - The Final Reckoning", dont il évoque notamment sa fin et l'une de ses révélations. Veuillez donc passer votre chemin si vous ne l'avez pas encore vu.

Voilà, c'est fini. Ou peut-être pas. Malgré son titre ou la manière dont il se présentait à nous, comme la culmination de ce qui avait précédé, Mission : Impossible - The Final Reckoning pourrait ne pas être la fin de la saga lancée en 1996. S'il y a bien une conclusion au récit, Ethan Hunt ne meurt pas ni ne prend sa retraite, laissant ainsi une porte ouverte à un retour en cas de succès au box-office ou d'idée géniale à transposer sur grand écran, même s'il semble enfin avoir fait la paix avec son passé.

En interview, Simon Pegg botte lui aussi en touche en disant que la franchise peut continuer comme elle peut s'arrêter là. Seul l'avenir nous dira si Tom Cruise reviendra faire des cascades au cinéma sous les traits d'Ethan Hunt mais, au moins, The Final Reckoning aura pris soin de répondre à une question à laquelle nous pensions ne jamais avoir de réponse : qu'est-ce que la mystérieuse Patte de Lapin, objet qui déclenchait les hostilités entre le héros et Owen Davian (Philip Seymour Hoffman) dans le troisième opus, mais dont la nature ne nous était jamais révélée ?

Si cette branche du récit aurait très bien pu rester dans l'ombre, pour se rapprocher un peu plus d'Alfred Hitchcock, influence majeure de la saga et grand amateur de MacGuffin (prétexte au développement du scénario), The Final Reckoning choisit pourtant de s'en servir pour dévoiler qu'il s'agissait d'un virus informatique qui a muté et s'est retrouvé doté de conscience pour devenir... l'Entité. Soit une faute de plus à expier pour Ethan, qui l'avait volée pour sauver sa femme Julia (Michelle Monaghan) et qui a donc été responsable de la naissance de l'I.A. qui a failli détruire le monde.

Heureusement, tout est bien qui finit bien, même si d'autres questions restent en suspens. Et il n'est pas dit que nous ayons la réponse un jour, si la saga devait s'arrêter ici (ou si les principaux intéressés ne s'expriment pas sur le sujet).

Mais qui était donc Gabriel ?

Grandement mise en avant dans le récit, et ce depuis Dead Reckoning, la nature du lien entre Ethan et Gabriel (Esai Morales) reste pourtant un mystère lorsque le générique de fin de The Last Reckoning défile. À la surprise quasi-générale, tant les apparitions de l'antagoniste du film (ou le bras armé de l'Entité) s'accompagnaient de flashbacks sur une mort qui a traumatisé le héros et fait basculer son destin, puisque c'est suite à ce meurtre dont il a visiblement été accusé qu'il a eu le choix entre la prison et rejoindre les rangs de l'IMF.

Le film est plein d'indices sur son identité Mais nous n'en saurons pas plus. Sur cet événement, cette mystérieuse date du 22 mai 1996 à laquelle est également associée à l'Amiral Neely jouée par Hannah Waddingham (s'agissait-il de sa soeur ?) et, donc, sur l'identité de Gabriel. Etait-il un ancien agent qui a mal tourné ? Un ancien complice d'Ethan, issu de son passé criminel, qui l'aurait trahi ? "Le film est plein d'indices sur son identité", nous dit Esai Morales, sans vouloir en révéler un seul.

Nous pouvons cependant vous dire une chose : dans la vraie vie, la date du 22 mai 1996 est celle de la sortie du premier Mission : Impossible aux Etats-Unis. Que le film s'en serve aussi pour en faire le moment où Ethan a commencé à devenir le super espion que l'on connaît est à la fois amusant et pas si anodin.

Qui devait jouer Nicholas Hoult ?

Attention, nous entrons dans une version alternative de la saga que nous connaissons : celle où le Covid n'aura pas frappé de plein fouet le monde (du cinéma mais pas que) et contraint Nicholas Hoult à renoncer au tournage de Mission : Impossible - Dead Reckoning, dont il devait être le méchant, pour cause de conflit d'emploi du temps après son report. L'acteur anglais a donc été remplacé par Esai Morales, mais il paraît difficile à croire que ce soit pour le même rôle, tant le Lex Luthor du nouveau Superman ne peut avoir fait partie du passé d'Ethan comme Gabriel.

S'agissait-il du fils caché du héros (né le 22 mai 1996 ?), comme beaucoup le théorisaient lorsque l'acteur a rejoint le projet ? Rien de tel pour confronter la star d'IMF à son passé, comme le fait la saga depuis Fallout, et accentuer un peu plus le fait qu'il soit sans famille, même si la ficelle aurait été un peu grosse et commune. Et comme aucun des principaux intéressés ne s'est exprimé sur le sujet depuis ce rendez-vous manqué, le mystère reste encore entier.

Comment va Brandt ?

Suite aux résultats décevants de Mission : Impossible III et à une promo où sa star parlait plus de scientologie et de Katie Holmes que du film, la Paramount avait rompu le contrat la liant à Tom Cruise, mettant ainsi l'avenir d'Ethan Hunt en péril. L'acteur et le studio se sont réconciliés quelques années plus tard, ce qui a permis de donner naissance à Protocole Fantôme et son escalade vertigineuse de la plus haute tour du monde à Dubaï, mais également d'introduire le personnage de William Brandt dans la saga.

Le personnage étant incarné par Jeremy Renner, alors futur membre des Avengers et remplaçant de Matt Damon dans la saga Jason Bourne, tout portait à croire que la star du multi-oscarisé Démineurs n'était pas là pour jouer les faire-valoir et plusieurs échos ont révélé que c'était l'idée. Sauf que Tom Cruise s'est surpassé comme jamais en retrouvant (littéralement) les sommets et son comparse, malgré une sous-intrigue intéressante et mystérieuse, n'est jamais parvenu à lui faire de l'ombre.

Pire : Brandt n'est plus sur le terrain dans Rogue Nation, occupé à défendre l'IMF devant le Sénat, et il n'apparaît même pas dans Fallout (pour cause de conflit d'emploi du temps avec les tournages d'Infinity War et Endgame). Pas plus que dans Dead Reckoning et sa suite, The Final Reckoning, où son nom n'est jamais mentionné. Là encore, son agenda, sa vie privée ainsi que sa très grave blessure au début de l'année 2023 ont empêché son retour, et le principal intéressé a lui-même déclaré avoir dû abandonner, ce qui laisse un goût d'inachevé le concernant, au même titre que Alanna Mistopolis (Vanessa Kirby), électron libre que l'on pensait voir revenir ici.

Quelqu'un a des nouvelles de Billy ?

Mais si ! Billy, le pilote d'hélicoptère rigolo de Mission : Impossible II ! Plus sérieusement, la forme de cadavre exquis adoptée par les premiers épisodes (où chaque film s'offrait un réalisateur différent) a aussi eu pour conséquence des changements d'effectifs constants auxquels les seuls Luther puis Benji ont échappé sur la durée. C'est ainsi que nous n'avons plus jamais entendu du personnage joué par John Polson devant la caméra de John Woo, pas plus que de Nyah Hall (Thandiwe Newton) ou même du moindre événement du film, vilain petit canard de la franchise dont nous voyons quand même des images dans le montage best-of qui ouvre The Final Reckoning.

Parmi les agents (vivants) perdus de vue, saluons Declan (Jonathan Rhys-Meyers) et Zhen Lei (Maggie Q) dans l'épisode 3 ou encore Jane Carter (Paula Patton) dans Protocole Fantôme. Des espionnes qui, à première vue, semblent occuper la même fonction, mais Christopher McQuarrie a révélé avoir tenté de les faire revenir, en vain, dans Rogue Nation, et nous ne savons pas ce qu'elles sont devenues puisqu'elles ne sont jamais évoquées. Peut-être qu'un spin-off... (on plaisante)

Ça aurait donné quoi un Mission : Impossible par David Fincher ?

Replongeons dans l'univers parallèle des Mission Impossible : celui dans lequel la saga aurait suivi d'autres directions si les premiers réalisateurs envisagés pour chaque film étaient restés à bord. Il convient d'ailleurs de rappeler que la franchise n'a pas immédiatement été pensée comme un cadavre exquis sur lequel chaque cinéaste allait poser son empreinte, car Tom Cruise avait proposé à Brian de Palma de rempiler, ce que le principal intéressé (refroidi par ses quelques prises de bec avec la star sur le plateau ?) a refusé.

Oliver Stone était alors le candidat numéro 1 et prêt à accepter la mission, mais le report du film lié au tournage interminable d'Eyes Wide Shut en a décidé autrement. On peut alors se demander ce que l'auteur de Né un 4 juillet aurait fait de cet épisode 2 en lieu en place de John Woo (plus de politique, moins de ralentis et de colombes ?), même si les principales interrogations (et regrets) concernent le film suivant. Qui a d'abord été offert à David Fincher, en 2002.

Désireux d'axer l'intrigue autour d'un trafic d'organes en Afrique du Sud et de faire de Sylvester Stallone le méchant de l'histoire, il se heurte à des différends d'ordre créatif avec Tom Cruise et, sans doute peu enclin à revivre une expérience aussi compliquée que pendant le tournage et la post-production d'Alien 3, qu'il renie encore, il jette l'éponge. Au profit de Joe Carnahan, dont la star vient de produire le premier film, le polar nerveux Narc, sans se douter que le caractère du metteur en scène sera un autre obstacle sur sa route.

Selon les bruits de couloir, quelques-uns des éléments de la version avortée de David Fincher se retrouvaient dans la sienne (une partie en Afrique notamment) et il devait être question de la privatisation de l'armée américaine, dans un long métrage qui se voulait dans la veine des thrillers paranoïaques des années 70 avec un méchant joué par Kenneth Branagh inspiré du vétéran Timothy McVeigh, reconnu coupable de terrorisme après l'attentat à la bombe d'Oklahoma City en 1995, exécuté en juin 2001.

Il est même question de faire revenir Nyah Hall, mais des disputes concernant le ton du film ont raison de l'investissement de Joe Carnahan, qui part voir ailleurs (et du côté de Mi$e à prix) s'il n'y est pas. Ce qui fait les affaires de J.J. Abrams, promu réalisateur de ce troisième opus (avec la fameuse Patte de Lapin) et producteur des suivants. Sans rien retirer à son travail, on ne peut s'empêcher de rêver à ce qu'un Mission : Impossible aurait donné sous la houlette de David Fincher.

Propos d'Esai Morales recueillis par Maximilien Pierrette à Paris le 12 mai 2025

publié le 29 mai, Maximilien Pierrette, Allociné

Liens commerciaux