Actus cinéma

On ira : et si c'était le Little Miss Sunshine français ?

© BONNE PIOCHE CINEMA - CARNAVAL PRODUCTION - ZINC - 2025

Vous allez entendre parler de cette petite pépite, mélange touchant de comédie, de drame et d'émotion, avec de jolies références pop. Ce film réalisé par Enya Baroux s'inscrit dans la droite lignée d'une dramédie comme "Little Miss Sunshine".

De quoi ça parle ?

Marie, 80 ans, en a ras le bol de sa maladie. Elle a un plan : partir en Suisse pour mettre fin à ses jours. Mais au moment de l'annoncer à Bruno, son fils irresponsable, et Anna sa petite-fille en crise d'ado, elle panique et invente un énorme mensonge.

Prétextant un mystérieux héritage à aller chercher dans une banque suisse, elle leur propose de faire un voyage tous ensemble. Complice involontaire de cette mascarade, Rudy, un aide-soignant tout juste rencontré la veille, va prendre le volant du vieux camping car familial, et conduire cette famille dans un voyage inattendu.

C'est la petite pépite de ce printemps ! Remarqué au Festival de la comédie de l'Alpe d'Huez en janvier dernier, On ira d'Enya Baroux trouve un délicat dosage entre humour, émotion et tendresse. Tout est réuni pour qu'il déclenche un très joli bouche à oreille.

Pour son premier long, Enya Baroux, qui a notamment signé le format court Fleur bleue, diffusé sur Canal+ On ira s'intéresse à un sujet délicat, le suicide assisté, et l'accompagnement vers la fin de vie.

"C'est un sujet grave, traité avec la légèreté de la comédie. C'est le summum de l'élégance", indique Hélène Vincent à notre micro, rencontrée en trio à l'occasion du Festival de l'Alpe d'Huez, avec Juliette Gasquet et Enya Baroux.

Personne n'a envie de se complaire dans la tristesse "C'est une comédie qui reflète ces moments de vie, complète Enya Baroux, réalisatrice et coscénariste. Je sais que ça me tenait à cœur de traduire des moments que j'ai vécus, des fous rires à des enterrements, des moments absurdes dans des hôpitaux. Je me souviens que quand ma grand-mère est partie, on lui a fait une cérémonie super joyeuse. On était très tristes, mais j'ai essayé de faire un discours marrant, les gens ont ri. Essayer de faire rire dans des moments durs, c'est trop bien. C'est ce qu'on a envie d'essayer de faire ressentir aux gens. Personne n'a envie de se complaire dans la tristesse. Parfois, ça fait du bien d'être triste."

Elle ajoute : "Avec Martin Darondeau et Philippe Barrière, les coscénaristes du film, nous avons essayé de ne jamais être grossiers, trop burlesques ou trop gaguesques dans la comédie, et jamais trop tire-larmes ou trop pathos dans le drame. C'est en essayant de tenir ce fil qu'on a trouvé un mélange, une chimie, un équilibre qui fonctionne bien, je crois."

Dans sa délicatesse et son mélange de tons assez unique, On ira nous rappelle le film américain Little Miss Sunshine. On y retrouve l'idée d'un road trip réunissant une famille dysfonctionnelle terriblement attachante. Ils embarquent ici - non pas dans un mini-van - mais un camping car à l'ancienne, dans lequel trainent encore des veilles cassettes audio des années 90 !

Dans les pas de Little Miss Sunshine

"Quand elle m'a proposé le scénario, cela a été ma première réaction", lance Hélène Vincent à notre micro. Enya Baroux nous confime que le film a été une référence importante. "Little Miss Sunshine, quand on le voit, parait simple, mais il y a un énorme travail sur le scénario, de création des personnages, de problématiques entre eux..." Et d'ajouter :  "On est embarqué avec eux, on n'est pas dans un truc trop léché. Il y a un côté un peu brut au niveau de l'image et je voulais ça. Je voulais que ce soit beau mais qu'on se croit avec eux, qu'on ne pense pas à la mise en scène".

Le film est truffé de références pop, parfois vintage comme les 2 Be 3 ou la chanson Voyage, voyage de Desireless (une reprise du titre interprétée par Barbara Pravi peut, par ailleurs, être entendue en générique de fin). La scène se déroulant dans un bowling est aussi très cinégénique, reprenant un titre déjà entendu notamment dans Dirty Dancing (Hey Baby de Bruce Channel).

Des références à la pop culture... comme Xavier Dolan

A propos des références pop du film, Enya Baroux développe : "Il y a un réalisateur qui fait ça hyper bien. Sans prétention aucune à vouloir me comparer, pas du tout. Mais Xavier Dolan, il prend beaucoup de chansons des années 90 un peu oubliées. Il a pris O-zone... Il a pris des chansons vraiment un peu kitsch, et il en a fait des scènes qui sont trop belles et qui te font voir la musique, entendre la musique d'une autre manière. Avec Voyage Voyage, c'était vraiment ce que je voulais faire. Du coup, j'adore cette chanson."

"J'ai l'impression que le film ne se met pas dans une case, que c'est quelque chose de nouveau, d'expérimental, mais qui fonctionne", ajoute la comédienne Juliette Gasquet.

"Ça me fait plaisir ce que tu dis. C'est hyper important pour moi parce que j'ai grandi dans un univers où mon père fait de la comédie populaire et où il a toujours été un peu snobé par un certain point du cinéma qui fait des films indépendants, des films d'auteur, comme on dit, ce qui est un terme absurde pour moi parce que tous les films sont écrits par des auteurs, donc tous les films sont des films d'auteur.

J'adore le millième degré, j'adore Les Nuls, j'adore les comédies américaines J'ai toujours eu ce complexe d'être à fond. Moi, j'adore les comédies complètement débiles, absurdes. J'adore le millième degré, j'adore Les Nuls, j'adore les comédies américaines et en même temps, j'adore des films qu'on peut penser, plus élitistes, plus durs d'accès. Je trouve que ça existe de mélanger les deux. Les deux n'ont pas à s'opposer tout le temps.

C'était vraiment important pour moi de réussir à faire un film qui peut faire autant rire que pleurer, que traiter un sujet hyper important, hyper sérieux, mais de manière légère, sans décrédibiliser le propos pour autant. Je crois que si on a réussi à faire ça, je suis heureuse", conclut Enya Baroux à notre micro.

Avec Pierre Lottin (En fanfare, Les Tuche...)

La réussite du film passe par l'écriture soignée de ses personnages, et leurs interprètes. Le casting rassemble Hélène Vincent (vue récemment dans Quand vient l'automne et inoubliable dans son rôle dans La vie est un long fleuve tranquille), Pierre Lottin (En fanfare, Les Tuche), David Ayala (D'argent et de sang, Un Triomphe, Miséricorde) et la jeune Juliette Gasquet (vue dans la série Fiasco sur Netflix notamment). A noter que Pierre Lottin et Hélène Vincent avaient déjà joué ensemble dans le film Quand vient l'automne.

Hélène Vincent est extrêmement touchante dans ce rôle. Elle a d'ailleurs reçu un prix honorifique surprise pour l'ensemble de sa carrière lors du Festival de l'Alpe d'Huez. Le tandem Hélène Vincent - Juliette Gasquet a aussi reçu un prix d'interprétation supplémentaire par le jury 2025 du Festival de l'Alpe d'Huez, présidé par Elsa Zylberstein.

On ira est actuellement au cinéma.

publié le 12 mars, Brigitte Baronnet, Allociné

Liens commerciaux