Richard Attenborough a marqué l'histoire du cinéma, aussi bien devant que derrière la caméra. S'il est aujourd'hui surtout connu du grand public pour son rôle emblématique de John Hammond, le créateur visionnaire - mais tragiquement imprudent - de Jurassic Park, sa carrière va bien au-delà de cette figure attachante.

Avant de devenir le grand-père rêveur à l'origine du chaos dans le Jurassic Park de Steven Spielberg en 1993, Attenborough s'était imposé comme l'un des réalisateurs britanniques les plus respectés. Il a signé plusieurs films ambitieux salués par la critique, notamment Un Pont trop loin (1977), un récit de guerre impressionnant tant par son casting étoilé que par sa reconstitution historique, et surtout Gandhi (1982), une fresque biographique monumentale qui lui valut 8 Oscars, dont ceux du Meilleur film et du Meilleur réalisateur.

Un rôle qui a marqué des générations

Pourtant, malgré ces succès prestigieux, c'est bel et bien son interprétation de John Hammond qui continue de résonner dans la culture populaire. Dans Jurassic Park, il incarne un entrepreneur idéaliste aux ambitions démesurées, animé par une volonté sincère de ravir le monde mais aveuglé par sa foi dans la science. Son personnage revient brièvement dans Le Monde perdu (1997), plus affaibli, plus lucide, comme s'il portait désormais le poids de ses erreurs passées.

Comme le rappelle Looper, lorsque Jurassic World, signé Colin Trevorrow, sort en 2015, les spectateurs constatent l'absence de Hammond à l'écran. Pourtant, le personnage reste très présent dans l'univers du film. Une statue à son effigie trône devant le centre de recherche de la société Masrani, et son successeur, Simon Masrani (interprété par le regretté Irrfan Khan), évoque avec respect et émotion "l'héritage" de celui qu'il considère comme un pionnier.

Ces éléments laissent entendre que John Hammond est décédé entre les événements du Monde perdu et ceux de Jurassic World, une disparition qui semble aussi symboliser le passage de relais entre deux époques.

Coïncidence ou pas ?

Ce choix scénaristique prend une dimension encore plus poignante lorsqu'on se souvient que Richard Attenborough est décédé le 24 août 2014, à l'âge de 90 ans, soit quelques mois seulement avant la sortie du film. Il est alors tentant de penser que ce traitement du personnage constitue un hommage discret, mais sincère, rendu à l'acteur.

En réalité, la question est plus complexe. Le développement d'un film comme Jurassic World s'étale sur plusieurs années, et Attenborough, affaibli par des problèmes de santé, s'était déjà retiré du métier dès le début des années 2000, et de la vie publique en général. Il est probable que les scénaristes se doutaient de ce qui allait arriver, même s'ils ne pouvaient pas imaginer que cela coïnciderait si étroitement avec la sortie du film. Le décès de la légende a toutefois renforcé l'émotion autour de son absence à l'écran, même s'il ne constitue pas la raison première de celle-ci. À plus de 90 ans, il n'était tout simplement plus en mesure de reprendre son rôle, et les scénaristes ont dû composer avec cette réalité dès le début du projet.

Malgré tout, l'esprit de Richard Attenborough plane sur Jurassic World. Son personnage incarne l'espoir, la curiosité et l'humanisme mêlés à une forme de naïveté - des traits qui trouvent encore un écho dans les itérations modernes de la franchise. Sa contribution au cinéma, à la fois comme acteur et comme réalisateur, demeure immense. Qu'il s'agisse de faire revivre les dinosaures ou de retracer le combat de Gandhi pour la paix, Attenborough aura su, tout au long de sa carrière, mêler spectacle et conscience, grandeur et émotion.

Les sagas Jurassic Park et Jurassic World sont à revoir en VOD. Sinon, le dernier volet de la saga, Jurassic World : Renaissance, est actuellement à découvrir au cinéma !