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Son père a joué dans l'un des plus gros films de science-fiction des années 90 et c'est la révélation de Thunderbolts* !

© GOFF INF / BESTIMAGE

Vu dans "Top Gun : Maverick", Lewis Pullman est particulièrement en vue dans "Thunderbolts*", et c'est l'occasion de se pencher sur celui qui n'est autre que le fils de Bill Pullman ("Independence Day", "Lost Highway").

Sorti dans les salles françaises le 30 avril, Thunderbolts* n'a pas mis longtemps à expliquer, sur les réseaux sociaux, le pourquoi du comment de cette astérisque, en révélant le titre qui se cachait derrière celui du film de Jake Schreier. Afin de ne pas spoiler ici, nous vous invitons à aller sur l'article qui l'évoquait, mais sachez que ce n'est pas Super Nepo-Babies, malgré la présence de deux fils d'acteurs au générique, qui portent le même nom que leurs pères respectifs.

Le premier n'est autre que Wyatt Russell, fils de Kurt (interprète d'Ego dans Les Gardiens de la Galaxie 2), qui reprend son rôle de John 'U.S. Agent' Walker après être apparu dans la série Falcon et le Soldat de l'Hiver en 2021. Et le second s'appelle Lewis Pullman. Comme son père, Bill, révélé par la parodie de Star Wars signée Mel Brooks et dont la carrière atteint plusieurs sommets dans les années 90, grâce à Une équipe hors du commun, Casper, Lost Highway ou encore (et surtout) Independence Day, où il incarne le Président des États-Unis, rien que ça.

Et c'est à ses côtés que son fils Lewis, né le 29 janvier 1993, fait ses débuts au cinéma en 2017 : dans le western The Ballad of Lefty Brown, resté inédit dans les salles françaises, puis le biopic Battle of the Sexes, consacré à la joueuse de tennis Billie Jean King (Emma Stone) et son combat pour l'égalité entre hommes et femmes sur les courts. Deux opus qui ne tournent jamais à la réunion de famille, car les deux acteurs ne s'y donnent pas la réplique, et il faudra même attendre un peu avant que l'on ne remarque le second.

Pas trop longtemps heureusement : jusqu'à l'automne de l'année suivante et la sortie de Sale temps à l'hôtel El Royale, thriller choral réalisé par Drew Goddard (déjà auteur du malin La Cabane dans les bois) qui n'est en rien la tarantinade poussive qu'il semblait être. Face à Jeff Bridges, Chris Hemsworth, Dakota Johnson, Jon Hamm, Cynthia Erivo (qui allait s'offrir un beau doublé quelques semaines plus tard avec Les Veuves) ou son futur partenaire de Top Gun : Maverick Manny Jacinto, Lewis Pullman crève l'écran et l'un des personnages après une partie de roulette russe.

Dans la peau du groom de l'hôtel accro à l'héroïne, le Miles Miller qu'il incarne fait le lien entre les différentes histoires qui s'entrechoquent dans le lieu, en janvier 1969. Et Lewis Pullman commence à taper dans l'oeil du public et des producteurs : ceux de la série Catch-22, portée par George Clooney et Kyle Chandler, ou encore un certain Tom Cruise, qui l'engage pour être l'un des jeunes pilotes de Top Gun : Maverick. Il y retrouve Manny Jacinto (qu'il faut être attentif pour ne pas rater car son rôle a grandement été réduit au montage) et fait équipe avec Miles Teller, Glen Powell, Monica Barbaro ou encore Greg Tarzan Davis, dans la peau du lieutenant Robert 'Bob' Floyd.

Tourné entre septembre 2018 et juillet 2019, dans de vrais avions de chasse, le long métrage de Joseph Kosinski ne sort qu'en mai 2022, COVID oblige. Lewis Pullman s'illustre alors dans la série Outer Range, qui allie western et science-fiction (et dont le premier épisode s'intitule "The Void", gardez bien ce détail en tête), mais c'est grâce au succès de Top Gun : Maverick (pas loin d'1,5 milliard de dollars de recettes dans le monde, et 6,7 millions d'entrées en France) que les projecteurs se braquent sur lui.

Les spectateurs les plus attentifs ne manquent pas de remarquer que, comme son père avec Independence Day, c'est en montant dans un avion de chasse que le jeune acteur s'offre son plus gros succès. Alors qu'un Top Gun 3 est envisagé, il alterne entre petit (la saison 2 d'Outer Range, Lessons in Chemistry) et grand écran, participe à deux films d'horreur (Salem's Lot et Skincare) ainsi qu'au dernier film de William Friedkin, avant que Marvel ne lui mette le grappin dessus. Grâce à la grève des acteurs et scénaristes de 2023.

Car c'est Steven Yeun qui devait initialement incarner Bob, alias Sentry, dans Thunderbolts*, avant de devoir se rétracter, invoquant aussi bien un conflit d'emploi du temps lié au report du tournage que des envies qui changent avec le temps qui passe. Et cela a bénéficié à Lewis Pullman, son remplaçant, qui a avoué au Hollywood Reporter qu'il n'aurait sans doute pas décroché le rôle quelques années plus tôt, tant les "leçons et astuces du métier" apprises auprès de "tous les grands avec qui j'ai eu la chance de travailler" lui ont permis de grandir dans le milieu.

S'il a fait du théâtre et de la batterie étant plus jeune, et a grandi dans une famille à la fibre artistique prononcée, Lewis Pullman a d'abord ressenti beaucoup de pression à l'idée de marcher sur les traces de son père : "Une fois que j'ai réalisé que c'était impossible, j'ai ressenti un vrai soulagement en sachant que, s'il y avait un avenir pour moi dans le cinéma, ce serait en le faisant à ma façon et en essayant de tracer mon propre chemin." Lequel passe donc par le Marvel Cinematic Universe et, coïncidence amusante, rassemble deux éléments de sa filmographie.

"Bénéficier d'une plateforme aussi importante et avec une telle portée m'a donné le sentiment d'avoir une grande responsabilité"

Son personnage se fait d'abord appeler Bob, comme celui qu'il jouait dans Top Gun : Maverick. Et, lorsqu'il devient le super-héros Sentry, aux pouvoirs semblables à ceux de Superman, il doit aussi composer avec sa part d'ombre appelée Void (comme le premier épisode d'Outer Range, voilà), qui se nourrit de ses bonnes actions et de la dépression qui le ronge, dans un long métrage où la santé mentale est un sujet central, traité avec sérieux, et qui a parlé au comédien.

"Pour être honnête, j'ai grandi avec un trouble obsessionnel compulsif très important, de l'anxiété et de la dépression", nous disait-il à Londres, en avril dernier. "Comme, probablement, la plupart des personnes présentes dans cet hôtel en ce moment, et c'est étrange qu'on n'en parle pas vraiment. Bénéficier d'une plateforme aussi importante et avec une telle portée m'a donné le sentiment d'avoir une grande responsabilité, mais c'était aussi le casting parfait pour aborder le sujet, car ces personnages sont compliqués, ils cherchent à comprendre les choses et on peut s'identifier à eux."

Et c'est peut-être aussi pour cela que l'acteur est aussi parfait et émouvant dans le rôle. Grâce à la forme d'innocence que l'on peut percevoir dans son regard alors que nous faisons sa connaissance, et la tristesse que l'on y lit ensuite, et notamment lors du final. Comme Bob, Lewis Pullman s'est finalement décidé à enfiler un costume qu'il refusait et s'est appuyé sur ses failles pour tracer sa route, non sans bénéficier des conseils de son père de la même manière que son alliance avec les Thunderbolts le sauve.

C'est d'ailleurs à leurs côtés qu'il sera de retour, le 29 avril 2026, grâce à Avengers : Doomsday, dont il sera l'un des personnages les plus puissants face au Dr. Fatalis joué par Robert Downey Jr. Et nul doute, au vu de l'enthousiasme suscité par sa prestation, que Lewis Pullman n'y sera plus un outsider, à l'image de Bob/Sentry.

Propos d'interview recueillis par Maximilien Pierrette à Londres le 24 avril 2025

publié le 8 mai, Maximilien Pierrette, Allociné

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