The Alto Knights avec Robert De Niro : vous ne connaissez peut-être pas le personnage de cette histoire vraie, mais il a inspiré l'un des plus grands films de gangsters de tous les temps

© Warner Bros. Pictures
Grâce à "The Alto Knight" et Barry Levinson, qui lui offrent la possibilité de jouer deux rôles, Robert De Niro renoue avec le film de mafieux. Dans un récit tiré d'une histoire vraie dont les personnages ont grandement influencé le cinéma policier.
Ça parle de quoi ?
Deux des plus redoutables figures de la mafia new-yorkaise, Frank Costello et Vito Genovese, luttent pour le contrôle de la ville. Autrefois meilleurs amis, la jalousie et les trahisons les mènent inévitablement à l'affrontement qui entraînera la chute de la mafia américaine.
Deux Niro
Peut-on, aujourd'hui, diriger Robert De Niro dans un film autour de la mafia, sans risquer de se confronter à ses précédentes incursions dans ce registre, qui ont autant participé à l'écriture de sa propre légende qu'à celle du genre en question ? C'est le défi auquel se confronte Barry Levinson avec The Alto Knights, et il ne se contente pas seulement de renouer avec son acteur de Sleepers, Des hommes d'influence, Panique à Hollywood et du téléfilm The Wizard of Lies sur Bernie Madoff, mais lui offre un double-rôle dans ce récit tiré de l'histoire vraie mettant aux prises Frank Costello et Vito Genovese, dans les 50 et 60.
Deux noms qui, au premier abord, ne vous disent peut-être rien. Mais leur influence sur le cinéma policier est très grande. Incarné par Lino Ventura dans Cosa Nostra (1972) ou Charles Cioffi dans le long métrage consacré à Lucky Luciano, mentionné dans The Alto Knights, Vito Genovese était cité dans Malavita par le personnage de Robert De Niro... alors que le mafieux atteint de crises d'angoisse qu'il interprète dans Mafia Blues était inspiré par Frank Costello. Qui était joué par Carmine Caridi dans Bugsy de Barry Levinson, déjà, en plus de servir de sources d'inspiration à deux des plus grandes figures du genre.
Comme Frank Costello, Tony Soprano est en effet sujet à des crises d'angoisse dans la série d'HBO portée par James Gandolfini. Et c'est notamment lui (ainsi que Joe Profaci ou Carlo Gambino) qui a servi de modèle au personnage de Vito Corleone dans le roman "Le Parrain" de Mario Puzo, adapté au cinéma dans les films de Francis Ford Coppola où il était incarné par Marlon Brando et... Robert De Niro, tous deux oscarisés grâce à ce rôle. De là à dire que la muse de Martin Scorsese était destinée à être dans The Alto Knights, il n'y a qu'un pas que nous pouvons aisément franchir.
Écrit par Nicholas Pileggi, scénariste des Affranchis, le long métrage convoque les souvenirs du film de Martin Scorsese, du Parrain mais également d'Il était une fois en Amérique ou The Irishman à travers la seule présence à l'écran de Robert De Niro et du bagage qu'il transporte, même sans le vouloir. Et plutôt deux fois qu'une. Mais comment s'est-il retrouvé à faire comme Tom Hardy dans Legend, à ceci près qu'il n'incarne pas des frères ici ? Tout le mérite revient au producteur Irvin Winkler (Rocky) qui, après avoir engagé l'acteur pour incarner Frank Costello, a eu une épiphanie.
"Il m'a demandé qui je voyais comme le comédien idéal pour incarner Vito Genovese", raconte Irvin Winkler à Empire. "J'y ai réfléchi pendant un bout de temps, mais je ne voyais personne d'autre de mieux placé que lui. Donc je lui ai répondu 'Tu sais quoi ? Tu devrais jouer les deux rôles !' C'était aussi spontané que cela." "C'est une idée que j'ai trouvée intrigante", dit de son côté Robert De Niro. "Ils sont comme les deux faces d'une même pièce : l'un, Costello, est plus rationnel et diplomatique. Et Genovese est plus erratique et impulsif."
"Ils sont comme les deux faces d'une même pièce"
"Enfants, ils étaient assez semblables", complète Barry Levinson pour expliciter ce choix. "Deux gars qui ne faisaient qu'un ou presque, et qui ne se sont pas seulement divisés par la suite, mais ont fini par devenir ennemis." C'est ce que raconte The Alto Knights, dont le titre évoque ce club de Manhattan qui a fait office de QG pour Genovese, mais le fait de voir Robert De Niro y jouer deux rôles l'élève vers une sphère méta-textuelle qui fait de lui un film de mafia sur les films de mafia de la carrière du comédien.
L'ascension de Frank Costello évoque évidemment celle de Vito Corleone alors que les dernières scènes renvoient à The Irishman, quand le caractère nerveux (et presque caricatural) de Vito Genovese, en plus du maquillage dont son interprète est affublé au point d'en être parfois méconnaissable, rappelle aussi bien le Joe Pesci des Affranchis que certains personnages plus violents de sa carrière. Ou encore le Paul Viti de Mafia Blues, tête de proue d'un versant plus comique de sa filmographie, où il s'amusait de son image de gangster dur à cuire.
The Alto Knights possède donc deux vertus : vous faire découvrir une histoire vraie, qui revisite un pan de l'Histoire de l'Amérique, et convoquer certaines des plus grandes figures de la carrière criminelle (au cinéma s'entend) de son acteur principal. S'il décidait d'en finir là avec ce type de rôle, ce serait une parfaite conclusion.
publié le 19 mars, Maximilien Pierrette, Allociné