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"Un grondement se fait entendre, la porte s'ouvre..." : il y a 53 ans, voilà comment Marlon Brando est devenu Don Corleone dans Le Parrain

© Paramount Pictures

La composition de Marlon Brando sous les traits du Parrain est devenue iconique, entrée dans la légende de l'Histoire du cinéma. Pourtant, le studio Paramount ne voulait pas de lui, mais se ravisa après avoir vu un impressionnant essai de l'acteur...

Tout a été dit ou presque sur Le Parrain, qui fut un immense succès en salle, récolta trois Oscars et une moisson de prix à travers le monde. Tout en mettant définitivement sur orbite la carrière de Francis Ford Coppola. Parmi les nombreuses qualités du film figure au sommet l'incarnation de Marlon Brando sous les traits du patriarche Don Corleone. Un retour en grâce pour cette légende du cinéma, qui obtiendra l'Oscar du Meilleur acteur.

"Il me fallait un acteur avec une aura mystique"

Une douce revanche aussi pour celui qui était réputé être désormais "un empoisonneur du box office", comme nous le confiait Francis Ford Coppola lorsque nous avons eu le plaisir et le privilège de balayer son immense carrière.

"Un dirigeant de la Paramount me déclara même que très peu de personnes viendraient voir le film si Brando était dedans. Non seulement c'était une star déchue qui n'aurait attiré personne, mais il faisait surtout l'effet d'un repoussoir aux yeux des producteurs. Son personnage n'est pas très présent dans le film, il est très puissant mais peu présent à l'écran. Il me fallait donc un acteur avec une aura mystique, impressionnante".

Pratiquement tout ce que l'on voit à l'écran provient de Brando lui-même, dans la composition de son rôle. Avant même le tournage d'ailleurs. Coppola a dû insister auprès de Paramount pour obtenir un essai avec Brando.

Dans un entretien avec le Hollywood Reporter en 2017, le cinéaste revenait sur cette expérience. Il avait alors préparé des accessoires, incitant le comédien à improviser des traits distinctifs comme une voix rauque et des joues bouffies, en utilisant initialement des mouchoirs dans sa bouche. C'est Brando qui a eu l'idée de donner à son personnage une apparence de "bouledogue" (selon ses propres termes) avec les joues du personnage.

"Un grondement se fait entendre, la porte s'ouvre, et entre un homme magnifique aux longs cheveux blonds, en kimono japonais" raconte Coppola, lors de l'arrivée de Brando, dans un style totalement à l'opposé de son personnage de Don Corleone. Il ajoute : "Il a pris ses cheveux... Il les a plaqué lui-même vers l'arrière, il a pris du cirage, les a noircis, et il a enfilé une chemise". Il a même répondu à un (authentique et non prévu) coup de téléphone avec la voix de son personnage, durant son essai.

Ce n'est que plus tard que le légendaire maquilleur Dick Smith a créé sa fameuse prothèse pour reproduire l'effet des joues de Brando pendant le tournage. Cet appareil en acier et en résine, porté sur les dents inférieures de Brando, permettait d'étendre sa mâchoire et de maintenir son apparence si caractéristique et iconique.

"Je ne vais pas glorifier la mafia"

Cet essai impressionna les pontes de la Paramount, en particulier Charles Bluhdorn, le tout puissant patron du conglomérat Gulf + Western qui possédait la Paramount. Et donnèrent finalement leur feu vert pour engager Brando.

Et dire qu'à l'origine, l'acteur déclina le rôle... "Je ne suis pas un parrain de la mafia. Je ne vais pas glorifier la mafia" avait-il lâché. Malgré les suppliques initiales de Mario Puzo, l'auteur du roman et scénariste du film, qui lui écrivit une lettre commençant ainsi : "Cher monsieur Brando, j'ai écrit un livre intitulé Le Parrain qui a eu un certain succès, et je pense que vous êtes le seul acteur qui puisse jouer le parrain avec cette force tranquille et cette ironie que le rôle réclame".

publié le 10 mars, Olivier Pallaruelo, Allociné

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