Vous aimez Gran Turismo et les courses de voiture au cinéma ? Rapide est fait pour vous !

© Universal Pictures International France
Deux ans après le film d'action "AKA" sorti sur Netflix, Morgan S. Dalibert retrouve Alban Lenoir et l'emmène dans le monde des courses automobiles grâce à "Rapide", qui suit une pilote jouée par Paola Locatelli.
Ça parle de quoi ?
Max a toujours aimé aller vite. Elle ne sait pas faire autrement. Alors quand elle découvre le karting, c'est une évidence : elle sera championne de F1. Les compétitions juniors s'enchainent, les victoires aussi. Pourtant, à 17 ans, aucune écurie ne la retient. Sa faute principale : être une jeune femme dans un sport d'hommes. Face à ce monde qui lui tourne le dos, seul un ancien pilote de deuxième zone totalement fantasque croit encore en son potentiel. Un seul but : faire de Max la plus rapide.
Rapide et furieux ?
Dans la mesure où il est question de voitures, de vitesse et même de famille, il sera facile de voir en Rapide un Fast & Furious français. Rien que pour son titre. Mais non, car il n'y a pas de braquage ni de rodéo urbain, et parce que le réalisateur Morgan S. Dalibert a concentré la partie "Furieux" dans son premier long métrage, AKA, sorti sur Netflix en avril 2023 et déjà avec Alban Lenoir : "Je sortais d'un film très sombre, où tout le monde meurt et très gore, donc là j'avais envie de faire quelque chose de plus lumineux et solaire", nous dit le metteur en scène en riant, au cours d'une journée ensoleillée sur le circuit Jean-Pierre Beltoise à Trappes.
"C'est un producteur qui est venu me voir avec un scénario qui était quasiment le film qu'on a tourné, avec la Formule 1 et une histoire d'outsider. Je sortais d'un film très testostéroné et là on me proposait un film sur une femme, où j'ai vu l'opportunité de retravailler avec Alban mais dans un registre différent, avec plus de comédie. Et, donc, cette histoire d'outsider. Ce sont vraiment ces éléments qui m'ont fait dire que c'était mon prochain projet lorsque j'ai lu le scénario."
Acteur principal du très musclé AKA, Alban Lenoir est certes important ici, mais il est plus secondaire que Paola Locatelli, alias Max. Vue dans la série Jusqu'ici tout va bien et l'adaptation en film des Liaisons dangereuses sur Netflix, la créatrice de contenus et égérie de mode fait ici ses premiers pas sur grand écran, dans le rôle d'une jeune femme qui tente de devenir pilote de Formule 1, donc de s'imposer dans un monde très masculin. "Si j'avais lu un scénario de film de course basique avec un pilote masculin, je me serais dit qu'on l'avait déjà vu", nous dit Morgan S. Dalibert.
"Avoir un personnage féminin et ainsi pouvoir jouer sur les barrières qu'on se met ou celles qui nous sont imposées"
"Là, c'était l'originalité du projet : avoir un personnage féminin et ainsi pouvoir jouer, un petit peu, sur les barrières qu'on se met ou celles qui nous sont imposées. Ça a permis d'élever le côté 'outsider' à un autre niveau, avec cette idée d'avoir une femme dans un monde d'hommes, qui doit donc travailler deux à trois fois plus pour espérer se battre contre les mecs. J'ai ainsi rencontré beaucoup de femmes pilotes. Pas tant pour évoquer leurs sensations sur les circuits que leurs parcours de vie, pour m'assurer que le scénario qu'on avait écrit n'était pas à l'ouest, qu'on était dans le juste."
"C'était primordial pour moi de faire ces rencontres", nous confie Paola Locatelli. "J'ai notamment rencontré Lisa Billard, qui avait 14 ans à l'époque et m'a beaucoup inspirée, beaucoup aidée. Abbi Pulling aussi, qui va bientôt concourir en F1 et qui est un grand espoir. Dès la deuxième page du scénario, il n'était pas envisageable pour moi qu'une autre actrice incarne Max. Car c'est une fille tellement inspirante, qui ose, qui casse les codes et va au fond des choses. Elle est hyper rapide et ambitieuse, elle ne se laisse pas marcher sur les pieds. C'est ce qui m'a beaucoup plu chez elle."
"Et puis, au travers de ce personnage qui évolue dans un milieu d'hommes, le film représentait mon engagement envers les femmes. Pour se dire qu'on en est capables, qu'on a le droit de rêver grand. Qu'on peut avoir nos propres combats, nos propres rêves, nos propres envies sans avoir à se justifier. Si Max peut inspirer au moins une fille à aller vers ses rêves, c'est qu'on aura tout gagné." Si elle se dessine en salles, cette victoire sera le fruit d'un investissement total pour celle qui n'avait encore jamais conduit avant de faire Rapide.
"C'est la première fois que je touchais un volant de ma vie lorsque j'ai fait ce stage de conduite de F4 il y a tout juste un an. C'était incroyable et impressionnant, alors que je n'avais pas le permis. J'avais très peur et en plus je n'avais pas compris les règles." "Tu vois le drapeau bleu sur le circuit [pour indiquer au pilote qu'il doit se ranger pour en laisser passer un autre, plus rapide] ?", nous demande Alban Lenoir. "Elle n'avait pas compris et ne voulait pas me laisser la dépasser. Au moins on a compris que ce n'était pas du tout une erreur de casting : il y avait Max dans le baquet avant même le tournage, avant même le permis."
"Et pourtant, le lendemain de ce stage j'ai passé le permis et je l'ai raté, alors que j'avais littéralement conduit à 200km/h sur ce circuit." Nul doute qu'aujourd'hui, la personne qui lui a fait passer l'examen changerait d'avis en voyant le film, qui roule à grande vitesse sur les traces de Gran Turismo, adaptation cinéma du célèbre jeu vidéo qui s'inspirait d'une histoire vraie : celle d'un joueur issu de la classe ouvrière qui parvenait à gravir les échelons du monde automobile avec l'aide d'un ex-pilote.
Sur les traces de Gran Turismo
Entre le cadre et la présence de vraies écuries (ici Alpine), son héroïne qui fait figure d'outsider et le récit de son ascension, le film de Morgan S. Dalibert, grand fan du Mans 66, rappelle souvent celui de Neill Blomkamp. Aussi parce qu'il sort en salles alors qu'AKA était passé par la case streaming avec Netflix, qui est toutefois impliqué dans Rapide via un accord de co-diffusion. "Quand on monte un projet, la première chose dont on a envie c'est que le projet se fasse", nous explique le réalisateur, qui s'était notamment fait la main en tant que chef opérateur des premiers Balle perdue.
"Et pour un projet de ce genre, c'est assez compliqué de réussir à réunir l'argent et tout ce qu'il faut pour le faire, donc, on a exploré toutes les options. On aurait pu faire un film qui soit à 100% un Netflix Original, mais ça ne s'est pas fait et moi j'étais très content que le film se fasse pour le cinéma, qu'il puisse rencontrer son public dans des salles obscures et avec une vraie sensation de cinéma. Et malgré ça, Netflix, qu'on connaît bien depuis AKA, nous a accompagnés et a dit que, même si on le faisait pour le cinéma, ils venaient quand même avec nous et le sortiraient plus tard sur la plateforme. J'espère bien sûr que le film va trouver son public au cinéma. Mais quoi qu'il arrive, dans un deuxième temps, je sais qu'il le trouvera sur Netflix."
Mais ce n'est pas une raison pour attendre pour attendre sa sortie en streaming, car la grande force de Rapide, dans une salle de cinéma, c'est que l'on ressent la vitesse de courses et que le scènes en question sonnent juste. Et il suscitera peut-être des vocations, comme le souhaite son actrice principale.
Propos recueillis par Maximilien Pierrette à Trappes le 11 avril 2025
publié le 16 avril, Maximilien Pierrette, Allociné