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Contrairement à l'avis général, cette série de science-fiction est peut-être la meilleure série du moment

© HBO

Les internautes ne manquent jamais une occasion d'exprimer leur colère sur les réseaux sociaux dès que leur série fétiche ne va pas dans leur sens. Une fois de plus, une grande série ne fait pas consensus.

Attention, spoilers ! Ce qui suit révèle des éléments clés de l'intrigue de la deuxième saison de The Last of Us. Si vous ne l'avez pas vue et ne souhaitez pas en connaître la teneur, ne poursuivez pas votre lecture.

Quelles sont les critères d'une grande série ? Vous avez quatre heures. Et pourtant, ce temps imparti serait trop court pour apporter une réponse juste et mesurée. Mais cette interrogation semble remonter vivement depuis la fin de la diffusion de la saison 2 de The Last of Us la semaine dernière.

La série adaptée du jeu vidéo de Neil Druckmann, par lui-même et Craig Mazin, suscite bien des passions depuis son retour. Ceux qui ont joué aux jeux savaient ce qui les attendait et se préparaient déjà mentalement à se rouler en boule au moment fatidique tant redouté. Et ceux qui ont découvert l'histoire d'Ellie (Bella Ramsey) et Joel (Pedro Pascal) via la série ont dû trouver des trésors d'ingéniosité pour ne pas se faire spoiler ce qui allait être l'évènement majeur de cette saison 2.

Un choix radical

Comment continuer une série sans son héros ? C'est bien cela dont il s'agit avec cette deuxième saison. Le personnage de Joel meurt, sauvagement assassiné par Abby (Kaitlyn Dever), dans l'épisode 2 et l'impression que tout part à vau-l'eau. Avec cette décision radicale, The Last of Us s'est affirmée comme une série audacieuse et magistralement émotionnelle.

Certes, la première saison a mis tout le monde d'accord. Adaptation fidèle mais jamais figée, elle a su transformer un monument du jeu vidéo en une œuvre télévisuelle intense, humaniste et bouleversante. Et n'en déplaise aux fâcheux qui déversent leur bile sur les réseaux depuis quatre ans, le duo Pedro Pascal & Bella Ramsey incarne à merveille le lien tragiquement beau entre Joel et Ellie. La série aurait pu s'arrêter là, dans le confort d'un succès déjà assuré.

Mais non. Avec sa saison 2, la série post-apocalyptique ose prendre des chemins inattendus. Exit la structure familière qui se calquait un peu trop à une narration de jeu vidéo : place à une narration éclatée, plus mature, plus risquée aussi. En centrant peu à peu son récit sur le personnage d'Abby, la série prend le pari d'élargir sa palette émotionnelle tout en explorant des zones morales encore plus troubles.

Ce choix, qui avait déjà divisé les joueurs à la sortie du deuxième opus, est ici pleinement assumé. Et c'est précisément ce courage narratif qui place The Last of Us au-dessus de la mêlée. La série sert au spectateur exactement ce qu'il ne voulait pas. Neil Druckmann et Craig Mazin font de l'anti fan service et se mettent au service de l'histoire. Et de l'histoire uniquement.

Un choc émotionnel au cœur de l'horreur

Ce qui distingue profondément The Last of Us des autres productions du genre, c'est sa capacité à faire cohabiter le grand spectacle post-apocalyptique avec des moments d'une rare intimité et profondeur d'âme. L'horreur, bien présente, n'est jamais gratuite : elle sert de toile de fond à des histoires d'amour, de pardon, de perte et de survie intérieure.

Tout au cours de la saison, le souvenir de Joel, bien que disparu, continue d'influencer chaque décision d'Ellie. La douleur devient moteur. Les flashbacks avec Pedro Pascal - qui livre ici une de ses plus belles performances - maintiennent une connexion poignante avec ce passé révolu. Une façon d'accompagner le spectateur dans son deuil de ce personnage si attachant.

Ce qui nous frappe ici, au cœur comme au corps, c'est cette volonté folle de la série de ne pas chercher à atténuer les coups portés à ses personnages. Tout au contraire, elle les absorbe et les transforme en carburant narratif.

Une série déjà culte... et ce n'est pas fini

Car The Last of Us n'est pas une série comme les autres. À mi-parcours de son arc global, elle continue de se réinventer, d'élargir son univers, de creuser ses thématiques. Elle fascine autant qu'elle dérange, bouleverse autant qu'elle captive. Et surtout, elle ne cède jamais à la facilité.

Alors oui, certains regretteront peut-être la dynamique Joel & Ellie du début. Mais la série ne regarde pas en arrière : elle avance, et nous emmène avec elle. Vers une saison 3 centrée sur Abby, vers un avenir incertain mais prometteur. Dans un paysage télévisuel saturé, The Last of Us impose sa singularité et son souffle. Et si, finalement, la meilleure série du moment était aussi la plus inattendue ?

publié le 2 juin, Emilie Semiramoth, Allociné

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