Alors que Monstre : L'histoire d'Ed Gein fait trembler Netflix, une question se pose : qui était Ilse Koch, surnommée "la sorcière de Buchenwald" ou "la chienne de Buchenwald", jouée dans la série par Vicky Krieps ?

Cette figure terrifiante du nazisme apparaît dès le premier épisode de la série, incarnée par l'actrice luxembourgeoise dans des séquences aussi audacieuses que dérangeantes. Mais son inclusion dans l'histoire d'Ed Gein n'est pas anodine : elle représente l'une des sources d'obsession morbide du tueur. Et un rôle difficile à accepter pour l'actrice comme elle l'explique à Variety :

"Je n'étais pas prête à jouer un tel rôle, car mon grand-père a été dans un camp de concentration. Cette partie de l'histoire est très proche de moi et de ma famille, et j'étais donc très inquiète à l'idée de le faire à la télévision, je me demandais si cela serait fait avec respect. Ça m'a fait peur"

La commandante de l'horreur

Née Margarete Ilse Köhler le 22 septembre 1906 à Dresde, Ilse Koch était l'épouse de Karl Otto Koch, le premier commandant du camp de concentration de Buchenwald. Issue d'un milieu populaire, elle travaillait comme secrétaire sténotypiste avant d'adhérer au parti nazi en 1932. En 1937, elle épouse l'officier SS Karl Otto Koch, qui est nommé l'année suivante à la tête de Buchenwald.

Contrairement aux autres épouses de SS, Ilse Koch ne se contentait pas de son rôle domestique. Elle s'impliquait activement dans le camp, où sa cruauté envers les détenus lui valut les surnoms de "chienne de Buchenwald" ou "sorcière de Buchenwald" (Die Hexe von Buchenwald). La série créée par Ian Brennan la convoque régulièrement pour des séquences courtes mais toujours dérangeantes, où elle est dépeinte dans sa plus vile cruauté.

Des crimes qui ont inspiré Ed Gein

Le lien entre Ilse Koch et Ed Gein réside dans une accusation particulièrement macabre. Koch fut accusée d'avoir fait fabriquer des objets à partir de peau humaine tatouée, notamment des abat-jour.

On pense qu'Ed Gein aurait pu être inspiré par Koch lorsqu'il a fabriqué un abat-jour en peau humaine, un objet trouvé dans sa maison. Et la série Netflix établit clairement ce lien. On voit Ed Gein lire avec une avidité morbide des comics qui l'érige en héroïne, mais on ignore si une telle édition a réellement existé.

Cette connexion (dans le musée des horreurs) justifie sa présence dans la série aux yeux de son créateur : le jeune Ed Gein, dans les années 1940, devient obsédé par les crimes de guerre nazis révélés après la Seconde Guerre mondiale, particulièrement par les atrocités commises dans les camps. Et la série montre comment cette fascination morbide a nourri ses propres pulsions criminelles.

Une justice tardive

En 1947, Ilse Koch fut condamnée par les Américains à la prison à perpétuité lors du procès de Buchenwald. Cependant, un gouverneur militaire américain de la zone d'occupation réduisit sa peine à quatre ans. En 1951, elle fut à nouveau jugée par les Allemands lors du procès d'Augsbourg et condamnée à perpétuité. Elle se suicida en prison le 1er septembre 1967 à Aichach.

Un choix audacieux d'Ian Brennan

"Ma famille est morte dans les camps. Il était extrêmement important pour moi de bien faire les choses", explique le réalisateur de la majorité des épisodes Max Winkler dans Variety. "Ce sont des monstres à cause de ce qu'ils ont fait - certains d'entre eux étaient vraiment glamour et ressemblaient à Vicky Krieps, et ont aussi transformé des Juifs en lampes. C'est à quoi peut ressembler un monstre."

Cette apparition controversée souligne la thèse centrale de la saga Monstre : comprendre comment se fabriquent les tueurs en série, et quelles horreurs historiques peuvent nourrir leurs fantasmes les plus sombres.

Monstre : L'histoire d'Ed Gein est actuellement disponible sur Netflix.