Comme on pouvait s'y attendre, certains spectateurs ont été choqués par les scènes de la vie (quotidienne) du tueur en série Ed Gein montrées dans la nouvelle saison de Monstre, la série d'anthologie Netflix créée par Ian Brennan et Ryan Murphy. Mais au-delà du malaise qu'elles expriment, ces critiques soulèvent un débat intéressant sur l'utilité de montrer (ou non) la violence sur les écrans.

La série en fait-elle trop ?

Le thème de "la violence à l'écran" est un débat ancien, qui réapparaît de temps à autre, et dont l'équipe créative avait parfaitement conscience. Avant même la sortie de la série, l'acteur Charlie Hunnam, interprète de Gein, déclarait à nos confrères du Hollywood Reporter : "Je n'ai jamais eu l'impression, sur le plateau, que nous ayons fait quoi que ce soit de gratuit ou pour choquer".

Que certaines scènes soient choquantes oui, mais elles étaient, selon l'acteur, toujours nécessaires pour raconter l'histoire de ce personnage : « Je n'ai jamais eu l'impression que nous dramatisions [les choses] [...] Tout était fait pour raconter cette histoire le plus honnêtement possible. [...] ce dont je suis convaincu, c'est qu'il s'agit d'une exploration très sincère[...] des raisons pour lesquelles ce garçon a agi ainsi. »

Ed Gein, une série à message ?

Toujours dans le Hollywood Reporter, le scénariste Ian Brennan défend lui aussi la série, et notamment sa vision plus "humaine" et "réaliste" du tueur qui a inspiré Psychose et Massacre à la Tronçonneuse : "Il s'agit d'un homme solitaire, étrange et malade mental [...] La série est avant tout une histoire de maladie mentale. Il était important pour nous de montrer l'horreur de sa vie intérieure et la sorte de prison dans laquelle son cerveau était enfermé."

Un discours sur la santé mentale très actuel, que partage complètement l'actrice Suzanna Son, qui joue le personnage d'Adeline Watkins dans la série: "Cela me met en colère contre la société et contre le fait qu'il n'y avait pas d'institutions psychiatriques, ni de diagnostic précoce [à cette époque]."

La faute du spectateur ?

Le créateur conclut en renvoyant le spectateur à sa propre fascination pour les criminels violents, tout se disant choqué qu'on lui montre leurs crimes : "Ed Gein est-il le monstre de cette série, [...] ou bien le monstre était-il la légion de cinéastes qui se sont inspirés de sa vie et l'ont dramatisée pour créer du divertissement ? [...] sommes-nous le monstre de la série parce que nous la regardons ?"

Une manière satisfaisante de clore le débat ? On imagine plutôt que toutes ces questions vont sûrement continuer à alimenter les discussions autour d'une saison 3 qui ne laisse personne indifférent !

Monstre : L'histoire d'Ed Gein, est à retrouver en intégralité sur Netflix.