Nouveau Jour : "Il va se passer plein de choses. De gros changements sont à prévoir à la rentrée", prévient Jean-Baptiste Maunier (Gabriel)
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AlloCiné a pu s'entretenir avec l'interprète du torturé Gabriel dans "Nouveau Jour", qui revient sur le rythme intense de tournage d'une quotidienne, sa façon d'appréhender son personnage, et sa relation avec ses partenaires de jeu.
© Eloise LEGAY/SND/M6
Depuis juin dernier, Jean-Baptiste Maunier est au générique de Nouveau Jour, le nouveau feuilleton quotidien de M6 qui se déroule au sein d'un hôtel 4 étoiles. C'est principalement au sein de ce cadre somptueux que vont se multiplier les mensonges, les secrets de famille et les tragédies.
Le comédien, révélé avec Les Choristes, incarne Gabriel Bartoli, le fils de Louise (Héléna Noguerra), la directrice des lieux. À l'instar de sa mère, Gabriel ne se laisse pas marcher sur les pieds. Occupant le poste de gouvernant, il veille à ce que les employés fassent correctement leur travail, et n'hésite pas à se montrer rude avec eux. Mais derrière son apparence de fils à maman et de bon élève, se cache un tempérament volcanique.
AlloCiné : Gabriel n'est pas un personnage d'emblée attachant : il est assez autoritaire avec le personnel de l'hôtel, et ne s'épanche pas beaucoup. Comment l'avez-vous abordé ?
Jean-Baptiste Maunier : De la manière la plus simple possible : au début je l'ai abordé comme un personnage assez imbu de lui-même. Jouer ce genre de choses, c'est toujours très plaisant pour un comédien parce que ça va à l'encontre de ce que je suis dans la vie. C'est très agréable et jouissif de pouvoir le faire dans une fiction.
Quand j'ai rejoint l'aventure Nouveau Jour, je savais vers quoi le personnage allait tendre et c'est ça aussi qui m'intéressait. Observer justement quelqu'un d'assez antipathique, un peu brut même, surtout avec ses employés, pour comprendre au fur et à mesure des épisodes pourquoi il est comme ça.
Sous ses airs durs, c'est un jeune homme qui a beaucoup souffert et qui souffre encore. Il a traversé de nombreuses épreuves récemment, entre la disparition de Lucien, la découverte de son père biologique, la réapparition de Clément dans sa vie, sa culpabilité vis-à-vis des violences domestiques subies par sa mère, sa relation avec Aurèle, ses mutilations...
Ça fait beaucoup (rires).
Oui, tout lui tombe d'un coup dessus. Est-ce parfois difficile de prendre de la distance avec un rôle aussi dense sur le plan dramatique ?
Oui, c'est un peu difficile. Au départ, on a l'impression que ça va être facile mais le rythme d'une quotidienne fait que chaque jour, on a beaucoup de scènes à jouer. Gabriel apprend énormément de choses et c'est un monde qui lui tombe sur la tête. C'est un peu compliqué à gérer émotionnellement tous les jours, c'est très fatigant. Mais c'est aussi très agréable d'aller chercher et puiser dans ce qu'on a vécu et d'essayer de le donner à un personnage comme Gabriel.
Et en tant qu'acteur, c'est ce qu'on recherche : on veut jouer, travailler nos émotions. Là où je peux souffler un peu plus et m'amuser, ce sont les scènes où Gabriel est dur et autoritaire avec les employés. Quand on est dans l'émotion brute, on atteint des choses qui ne laissent pas indifférents, physiquement et mentalement. Ça reste notre corps en tant qu'acteur, et parfois c'est difficile d'en sortir. Mais encore une fois, c'est pour ça que j'aime ce métier, c'est pour aller chercher des choses qui sont en moi et essayer de les projeter à l'écran.
Avec le rythme de tournage, on a peu de temps et il faut arriver directement à l'émotion. C'est toujours délicat, mais c'est aussi un super exercice pour progresser et tenter des choses.
Comment se sont déroulées les scènes où Gabriel se fait du mal ? Comment vous-êtes vous préparé ?
Je me fais vraiment du mal sur toutes les scènes (rires). Ce ne sont pas des scènes qui m'inquiétaient. J'ai parlé en amont avec les différents réalisateurs pour savoir ce qu'on allait faire. La mutilation, c'est un sujet important et je trouve ça bien que Nouveau Jour l'aborde, tout comme celui des violences domestiques. C'est important, car certaines personnes vivent cela au quotidien.
Je n'ai eu de préparation particulière, je voulais juste essayer de ne pas me faire mal au moment de tourner. J'ai eu des petites cloques, j'ai dû gérer des petites choses, mais c'est tout. Je n'ai jamais vécu cela, mais je comprends que, quand on nous a menti, quand on découvre des choses aussi fortes, la douleur physique soit la première chose qui va nous passer par la tête. C'est ce qu'on a sous la main en fait notre corps, et on va se faire mal en croyant que, paradoxalement, ça va atténuer la douleur psychologique.
Mais au contraire, on se fait encore plus de mal. C'est comme si Gabriel se punissait, il se sent coupable alors qu'il n'y est pour rien. Il s'en veut de ne pas avoir su protéger sa mère, ne pas avoir su prendre les coups à sa place, ou d'en donner à celui qui lui faisait du mal. Ce garçon a beaucoup de choses sur le cœur et dans la tête.
Sa relation avec Aurèle semble s'apaiser. Pour la première fois depuis la disparition de Lucien, Gabriel semble avoir trouvé une figure paternelle digne de confiance.
Ouais, exactement. Parfois dans les relations, ça commence très mal parce qu'il y a des choses enfouies en nous, qu'on n'ose pas dire, mais après ça devient de très belles amitiés. Ça m'est arrivé personnellement dans ma vie avec mon meilleur ami. On ne s'entendait pas du tout, on pouvait vraiment pas se blairer au début (rires), et un jour on s'est posé pour parler, et on ne s'est plus jamais lâché.
Gabriel avait besoin d'un repère paternel, d'une figure masculine, parce qu'il y a des choses dont il ne peut pas parler avec Killian par exemple. Et il est entouré de beaucoup de femmes. Son grand-père était sa boussole. Il avait besoin d'être compris par quelqu'un.
Aurèle a aussi vécu des choses difficiles dans son enfance. C'est à travers ces épreuves que Gabriel et lui vont se retrouver. Comme le dit aussi Louise, c'est au moment où elle et son mari s'éloignent que lui et son fils se rapprochent. Quand un petit garçon voit sa maman avec un autre homme qui n'est pas son père, c'est toujours compliqué à digérer. C'est au moment où Aurèle et Louise font une pause que Gabriel se dit qu'il est peut-être un mec bien pour sa mère.
À l'inverse, sa relation avec Clément est encore très tendue. Comment va-t-elle se poursuivre ?
C'est très délicat parce que c'est quelqu'un qui a fait énormément de mal à Louise et Gabriel. La première chose que mon personnage a envie de faire quand ils se revoient, c'est de répondre par la violence. Mais ils vont apprendre à se découvrir. Clément dit qu'il a changé, qu'il a fait un vrai travail sur lui-même et Gabriel a envie de le croire. On va voir s'il a raison de lui faire confiance.
Comment se passe le tournage avec Héléna Noguerra, qui joue votre mère ? Votre personnage est très protecteur envers Louise.
J'adore Héléna. Je la connaissais avant le tournage, et j'adore jouer avec elle. Je m'entends extrêmement bien avec elle. J'ai perdu ma mère il y a un an et le fait d'avoir une nouvelle maman de fiction, d'être tous les jours avec elle... elle m'apporte énormément de générosité et de tendresse.
Et puis elle a un fils du même âge que moi, donc il y a un lien, une transmission qui s'est faite vraiment naturellement entre nous. On se connaissait déjà, et là on apprend à se connaître à travers nos jeux d'acteurs. J'ai hâte de les retrouver, elle et les autres comédiennes et comédiens car je suis actuellement en vacances.
Vos rapports avec Franck sont plus que tendus, avec les accusations qu'il porte envers Lucien. Comment s'est déroulée votre collaboration avec Bruno Solo ?
Alors, on se déteste vraiment dans la vie avec Bruno Solo, on ne s'aime pas du tout, donc c'est très facile en fait, on fait tout en une prise, on se met vraiment sur la gueule (rires). Non, en fait, ça peut être délicat à jouer, mais c'est aussi plaisant de pouvoir crier sur quelqu'un parce qu'on y met vraiment du nôtre. Honnêtement, on s'adore vraiment tous, on est une vraie troupe. Mais pouvoir jouer ça de temps en temps, c'est amusant. Une fois que c'est coupé, on en rigole.
On fait le plus beau métier du monde, on passe d'une émotion à une autre dans des personnages différents, on peut faire n'importe quel métier, on peut dire des choses qui sont complètement éloignées de nous, c'est un vrai kiff de pouvoir faire ça. Et Bruno est un super acteur, qui nous donne beaucoup sur le plateau. On a envie d'être à sa hauteur et de lui renvoyer la balle avec la même énergie, la même intensité.
Vous me parliez tout à l'heure du rythme soutenu de tournage, qui fait que vous n'avez pas forcément beaucoup de temps pour vous préparer. Comment se passe justement le tournage d'un feuilleton ?
Parfois on est un peu frustré parce que, sur des scènes, on voudrait faire si, ou ça, mais on n'a pas le temps. Il y a toujours un peu de frustration, mais c'est le jeu aussi d'une quotidienne. Ça va tellement vite qu'on ne peut pas savoir comment ça va vraiment se passer. C'est un autre exercice, c'est une autre façon de de jouer, il faut être sur l'instant présent.
Il y a aussi les contraintes techniques ; dans la vie, on serait peut-être moins figé quand on est avec d'autres personnages dans une même pièce, on ferait de plus grands gestes. Mais encore une fois, ça fait partie du jeu. J'avais déjà tourné dans une quotidienne, donc je savais comment ça fonctionnait. Au final, la frustration qu'on peut ressentir, elle s'estompe rapidement car on passe à la scène suivante et on n'a pas le temps de réfléchir.
En quoi votre expérience sur Nouveau Jour se distingue de celle sur Demain nous appartient ?
Dans Demain nous appartient, mon personnage était vraiment horrible mais c'était très très marrant à jouer. C'était sur une période moins longue et plus concentrée. Sur Nouveau Jour, je suis là depuis le début. Mais sinon le rythme est à peu près le même, et je revois souvent les techniciens et les réalisateurs avec lesquels j'ai déjà travaillé sur Demain nous appartient. C'est plus facile quand on arrive sur un plateau et qu'on connaît 80 % du plateau, on se sent en confiance.
Gabriel finira-t-il par découvrir que Louise n'est pas sa vraie mère ?
Oui, on a déjà tourné ces scènes. C'est tout ce que je peux vous dire. (rires) Il va se passer plein de choses. De gros changements sont à prévoir à la rentrée.
publié le 28 août, Emilie Schneider, Allociné