Kneecap enchaîne les polémiques. Suite à ses messages de soutien à la Palestine durant le festival Coachella, le groupe de rap nord irlandais est sous le coup d'une enquête de la police antiterroriste, tandis que plusieurs concerts ont été annulés.

Depuis plusieurs semaines, le nom de Kneecap est au coeur de l'actualité, mais pas pour des raisons musicales. Véritable phénomène sur le territoire britannique, ce groupe de rap nord irlandais suscite la polémique depuis le 18 avril. Lors de son passage au prestigieux festival Coachella, le trio, dont un des membres est cagoulé sur scène, a multiplié les messages pro-Palestine en plein concert. « Israël commet un génocide contre le peuple palestinien », « Cela est permis grâce au gouvernement américain qui arme et finance Israël malgré les crimes de guerre » ou « Fuck Israël, libérez la Palestine » pouvait-on lire sur l'écran géant, tandis que le groupe a demandé au public de chanter « Free Palestine ». Des propos qui ont suscité une vague d'indignation générale visant Kneecap, qui ne se laisse pas faire. Le week-end suivant, les trois chanteurs ont réitéré leur prise de position lors du second acte du festival Coachella.

"Nous disons la vérité"

Depuis, la polémique s'envenime, au grand dam des trois rappeurs de Belfast. « Depuis un an, nous utilisons nos concerts pour dénoncer la complicité des gouvernements britanniques et irlandais dans ces crimes de guerre. Les récentes attaques contre nous, émanant largement des Etats-Unis, sont basées sur des mensonges délibérés » peut-on lire dans un communiqué du groupe nord irlandais : « La raison pour laquelle Kneecap est pris pour cible est simple : nous disons la vérité et notre public grandit. Notre seule préoccupation concerne le peuple palestinien, les 20.000 enfants assassinés, et ce chiffre continue d'augmenter ». Malgré cette défense, les actions contre Kneecap se multiplient. Très active sur le sujet, Sharon Osbourne, femme du rockeur Ozzy Osbourne, parle d'une « incitation à la haine » et compare le public de Coachella à « un fan-club du Hamas ».

Une "incitation à la haine" pour certains

En parallèle, plusieurs concerts du groupe, prévus à Portsmouth, Berlin, Cologne, Hambourg et aux festivals allemands Hurricane et Southside Festival, ont été annulés, tandis que les visas de la bande pour leur prochaine tournée nord-américaine ne seraient désormais plus valides. La compagnie aérienne American Airlines a aussi retiré de ses vols le film "Kneecap" mettant en scène la bande et présélectionné pour les derniers Oscars. De plus, une enquête a été ouverte par la police antiterroriste britannique le 1er mai. Celle-ci soupçonne Kneecap d'avoir tenu des propos incitant à la violence lors de plusieurs concerts. Lors d'un show en novembre 2023, l'un des trois rappeurs aurait déclaré sur scène : « Un bon Tory est un Tory mort, tuez votre député ! ». Sur une autre vidéo live, il semble apporter son soutien à l'organisation terroriste du Hezbollah.

Une situation qui agace le manager Daniel Lambert : « Les enfants meurent de faim, et on passe une semaine à parler de Kneecap en boucle. On a passé moins d'une journée à parler des 15 médecins [palestiniens assassinés par l'armée israélienne, ndlr] ». De plus, les trois rappeurs se sont défendus d'un quelconque soutien affiché au Hezbollah : « Nous condamnons toutes les attaques sur les civils. Nous l'avons toujours fait. Ce n'est pas bien. Nous le savons plus que quiconque, au vu de l'histoire de notre pays [le conflit nord-irlandais qui a duré des décennies, ndlr] ». Kemi Badenoch, cheffe du parti conservateur britannique, appelle le mythique festival Glastonbury à déprogrammer la bande de son affiche. En France, Kneecap est attendu cet été aux Eurockéennes de Belfort, au Cabaret Vert et à Rock en Seine. Pour l'heure, ces trois performances sont toujours programmées.

"Kneecap n'est pas l'histoire. Gaza EST l'histoire"

Malgré le scandale qui les entoure, Kneecap peut compter sur le soutien de nombreux acteurs de la scène musicale britannique. À commencer par Massive Attack, qui s'est fendu d'un long message sur les réseaux sociaux. « Kneecap n'est pas l'histoire. Gaza EST l'histoire. Le génocide EST l'histoire » écrit la formation trip-hop, qui n'a jamais caché son engagement politique depuis ses débuts : « Les politiciens et les journalistes de droite qui concoctent stratégiquement une indignation morale face aux déclarations scéniques d'un jeune groupe punk, tout en occultant ou même en ignorant un génocide qui se déroule en temps réel (y compris le meurtre de journalistes en nombre sans précédent), ont-ils le droit d'intimider les événements du festival et de les pousser à des actes de censure politique ? ». Un texte salué par de nombreux groupes rock ou électro anglo-saxons comme Fontaines DC, Primal Scream, Idles, Bicep ou Pulp. Bon nombre d'entre eux ont signé une tribune de soutien à la bande, dont le prochain concert est prévu en tête d'affiche du festival Wide Awake à Londres le 23 mai.