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Je ne suis pas fan de Beyoncé mais son concert au Stade de France m'a laissé sans voix

© Parkwood Entertainment

Avec sa tournée mondiale "Cowboy Carter Tour", Beyoncé s'est arrêtée pour trois concerts complets au Stade de France. Et la chanteuse a mis tout le monde d'accord avec un show incarné et impressionnant. Purecharts y était !

« Can you hear me? ». Quand Beyoncé débarque, impériale, sur la scène du Stade de France samedi soir, il est un peu plus de 20h30. Et malgré son aura de star planétaire, c'est une entrée simple mais élégante qu'offre la chanteuse américaine pour son "Cowboy Carter Tour", qui s'arrête à Paris pour trois dates archi complètes. Composé de cowboys et cowgirls survoltés venus du monde entier, le public hurle. Et il y a de quoi. Entourée de son armée de danseurs et danseuses, Beyoncé fend l'immensité de la scène et choisit le solennel "AMERIICAN REQUIEM" pour débuter ce concert, comme elle débute son album country, moins grand public. Les harmonies sont sublimes, le temps se suspend. Ce soir, l'icône est venue se réapproprier le genre, dominé par les hommes blancs. Après "Blackbird" des Beatles et l'hymne officiel américain, Beyoncé scande "Freedom" pour dénoncer l'agissement du gouvernement US contre les minorités. Un show politique qui démarre en douceur mais non sans intention.

Un concert politique qui marque les esprits

Souriante, sublime, enchaînant les tenues glamour et pile dans le thème, sans aucune faute de goût ni de style, Beyoncé chante, rappe et danse son propos avec une assurance et un professionnalisme inégalés. Après une longue interlude mettant en lumière l'héritage des artistes noirs dans la musique, "AMERICA HAS A PROBLEM" résonne alors que Beyoncé prend place derrière un pupitre et s'adresse à sa nation tandis que ses danseurs - dont sa fille Blue Ivy - sont muselés, le corps recouverts de pages de journaux. La tension monte un peu plus avec les géniaux "Formation", "MY HOUSE" ou "Diva", où les effets visuels et de bande impressionnent. Dommage que les jeux de lumière grâce aux bracelets des spectateurs ne fonctionnent pas, vu que la nuit n'est pas encore tombée. Malgré tout, le spectacle est total sur scène. Le concert ne fait que commencer mais Beyoncé est déjà dans une forme olympique, ne s'économisant à aucun moment, qu'elle pousse sur sa voix divine ou se déchaîne sur les chorégraphies. Tout est millimétré mais tout est incarné.

Si l'acte suivant fait retomber la pression en alignant les ballades, on retiendra surtout "PROTECTOR", où Beyoncé se montre maternelle et délicate, s'entourant de sa fille Blue Ivy avant d'accueillir Rumi à leurs côtés pour lui chanter cette déclaration d'amour country. « Faites du bruit pour Rumi » lance Beyoncé, fière d'être bien entourée, alors que sa fille de 8 ans s'émerveille d'apercevoir une peluche Stitch dans la foule. Beyoncé braquera ensuite la lumière sur ses superbes choristes sur l'intense tableau "FLAMENCO". Au milieu de cette immense scène en forme d'étoile, surplombée par un écran que même le mot géant ne saurait décrire, Beyoncé n'est jamais petite. Unique, elle attire la lumière et les regards comme personne, et porte ce show grandiose d'une main de maître. Si elle ne s'adresse que rarement au public, la chanteuse montre une facette plus humaine, plus accessible, dans son attitude, ses expressions de visage, ses sourires et ses gestes aux fans. Ou lorsque des images d'elle enfant se projettent sur les écrans au milieu d'icônes noires de la musique, et qu'elle retrace aussi son incroyable parcours dans un enchaînement de séquences cultes.

Des tubes comme une bouffée d'air

S'avançant tout au bout de la pointe pour le vibrant "II HANDS II HEAVEN" ou chevauchant un taureau doré sur "TYRANT", Beyoncé fait la part belle à son dernier album, quitte à dérouter le grand public. Mais la mise en scène est telle que l'intérêt ne retombe que très rarement. Alors que la nuit tombe enfin, le show prend des allures de grande fête populaire avec les bombes "THIQUE", "TEXAS HOLD 'EM", "BODYGUARD" et l'arrivée d'un truck géant le temps d'une poignée d'anciens tubes bienvenus (de "Crazy in Love" à "Love on Top" en passant par "Single Ladies"), qui viennent secouer le Stade de France à base d'effets pyrotechniques et d'une bonne dose de nostalgie. On en aurait bien repris un peu plus. D'ailleurs, la longue ovation qui lui est réservée après "Irreplaceable" en dit long !

S'envolant dans les airs sur un fer à cheval à plusieurs reprises - comme sur "Jolene" - pour aller à la rencontre de son public dans ce stade démesuré, Beyoncé renforce une proximité et continue d'en mettre plein les yeux. Comme lorsqu'elle sillonne les airs dans une Cadillac sur la sublime ballade "16 CARRIAGES" avant de nous saluer, vêtue d'une robe reprenant le drapeau des Etats-Unis, devant une statue de la liberté gonflable, en guise de point final à ce concert magique, ambitieux, politique et donc d'autant plus important dans ce monde de fou. « Merci pour toute cette énergie. Je peux tous vous ressentir, de tout là haut, de ma gauche à ma droite. Je ressens tout cet amour et je vous le rends à tous. J'espère que vous avez passé une merveilleuse soirée. Je vous aime Paris. Vous m'avez donné tant d'amour. Que Dieu vous bénisse, merci beaucoup ». Merci Beyoncé !

publié le 23 juin, Julien GONCALVES, Purecharts

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