"Je vais me jeter dans la Seine" : Yannick Noah brise le silence sur son mal-être caché

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Hier soir, M6 diffusait le documentaire "Santé mentale, briser le tabou". Face caméra, plusieurs personnalités dont Yannick Noah ont témoigné du mal qui les a rongés. "Tous les gens autour de moi pensaient que j'étais heureux mais j'avais envie de m'envoyer en l'air" révèle le chanteur et ancien tennisman, au bord des larmes.
Briser le tabou. Telle est la visée du documentaire sur la santé mentale diffusé hier soir en prime-time sur M6. Avec la volonté de faire évaluer les mentalités et libérer la parole autour de ces troubles qui touchent 13 millions de Français, soit près d'1 personne sur 5, la réalisatrice Juliette Paquin a convié des célébrités comme Florent Manaudou, Pomme, Eric Antoine, François Berléand, Sally, Hatik ou encore Yannick Noah mais aussi des anonymes à raconter leur histoire, et comment ils ont été confrontés au regard des autres dans les épreuves qu'ils ont traversées. « On n'a jamais parlé de ça parce qu'on ne savait pas » rapporte Yannick Noah, premier artiste à prendre la parole dans ce véritable film-manifeste. Chanteur à succès et ancienne gloire du tennis français, Yannick Noah a caché, derrière son sourire légendaire, un mal qui l'a rongé de l'intérieur. « J'ai survécu à une profonde dépression. Et ça a été compliqué parce que j'étais un peu seul » révèle l'interprète de "Back To Africa", dont le témoignage a ému 1,27 million de téléspectateurs.
"J'ai jamais eu de diagnostic, je me suis débrouillé"
En 1983, Yannick Noah entre dans l'histoire en devenant le premier joueur de tennis français a remporté le prestigieux tournoi de Roland-Garros. « J'avais 23 ans, j'étais en pleine forme. Ma priorité depuis que j'avais 12 ans, c'était gagner ce tournoi à Paris. Tous les gens que j'aimais étaient là ! C'était parfait... Le bonheur c'était de gagner cette coupe » se remémore-t-il face caméra. Sauf qu'au lendemain de ce sacre, Yannick Noah tombe dans un trou noir. « J'étais perdu. Je ne savais pas ce qui se passait. Tous les gens autour de moi pensaient que j'étais heureux mais j'avais envie de m'envoyer en l'air. J'avais envie de partir » confesse-t-il la mine grave. La dépression qui le touche est si vive que le sportif est assailli par des pensées suicidaires. Et manque de commettre le pire : « Je marchais seul dans la rue, dans la nuit à Paris. J'attendais qu'il n'y ait personne, je regardais la Seine et je me disais : "Je vais me jeter dedans. Je n'en peux plus" ».
"On a attendu trop !"
On apprend dans le documentaire un chiffre alarmant : 3 millions de Français ont souffert de dépression au cours des 12 derniers mois. Les troubles psychiques représentent même la première cause de mortalité des 15-35 ans en France. Pourtant, les maladies mentales sont encore mal comprises et prises en charge. Yannick Noah dit avoir traversé cette tempête sans soutien et sans l'aide d'un spécialiste. « On m'a pas donné le mode d'emploi. J'ai jamais eu de diagnostic, je me suis débrouillé. Pour moi c'était : "Démerde-toi. On ne va pas aider un mec qui a gagné, qui a de l'argent. Qu'est-ce qu'il veut en plus ?". On ne se rend pas compte que derrière la personnalité publique il y a un être humain sensible » se désole l'artiste, affecté par ce culte de la célébrité qui veut qu'une star n'a pas le droit de se plaindre. Le chanteur a ainsi fait "Un pas de côté" pour s'autoriser le droit d'aller mieux : « J'ai vécu ça, j'ai survécu. Et j'en suis sorti plus fort. Je suis tombé mais j'ai rebondi ».
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Si Yannick Noah a accepté de briser le tabou, c'est pour tendre une main et aider les générations futures. « Ce sujet-là, on n'en parle pas. C'est sûr. On en parle quand c'est très tard, parfois trop tard. Il y a des gens dans ma famille, on a attendu trop ! On a attendu trop... C'est pour ça que j'ai voulu participer à ce documentaire. On en a besoin » estime l'artiste de 64 ans. Et de conclure : « Je me sens comme un passeur de relais ». Un discours salutaire !
publié le 7 mai, Yohann RUELLE, Purecharts