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"Jusqu'à la nausée" : cette star des années 80 a mal vécu le succès de son tube

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En 1986, Caroline Loeb était propulsée au sommet des classements musicaux avec "C'est la ouate". Un tourbillon qui n'a pas laissé que des bons souvenirs à la chanteuse, aujourd'hui âgée de 70 ans : "J'ai pété un câble".

© Bestimage

Par essence, elle est paresseuse... Et pourtant, c'est bien cette chanson qui a lui rapporté la gloire, l'argent et la reconnaissance ! Initiée très tôt aux arts de la culture (« Mes parents m'ont emmenée à l'opéra très jeune »), Caroline Loeb se prédestine à faire carrière dans le théâtre avant de bifurquer vers la musique après avoir été recalée trois fois du Conservatoire. Son premier album "Piranana" ? C'est à New York, dans le studio de Jimi Hendrix, qu'elle l'enregistre, avec une photographie de Jean-Baptiste Mondino pour la pochette. Mais l'accueil critique est glacial. « On a dit que je chantais comme un petit cochon qu'on égorge. J'étais trop barrée, trop floue » se remémore-t-elle en riant pour Paris Match.

"J'étais devenue un trou avec du vinyle autour"

Revenue à Paris, Caroline Loeb devient l'une des figures du Paris mondain. Elle fait alors la rencontre du parolier Pierre Grillet, qui a écrit pour Nicoletta, Sylvie Vartan ou Patrick Juvet. Son esprit la séduit. Ensemble, ils écrivent "C'est la ouate", un titre « évocateur, poétique » et un peu provocateur aussi : « J'ai adoré cette femme nonchalante qui se laisse aller ». La mélodie, à la fois planante et mystérieuse avec ses synthés, est signée Philippe Chany. Au départ, personne n'en veut. Mais Philippe Constantin, producteur chez Barclay, flaire son potentiel. Le 45 Tours sort à la fin de l'année 1986 et Caroline Loeb se retrouve propulsée sous le feu des projecteurs du jour au lendemain. Le pouvoir de la chanson, qui se classe 5ème du Top 50 l'année suivante et s'écoule à plus de 300.000 exemplaires, la dépasse complètement. On chante "C'est la ouate" pendant les bulletins météo ou les interviews présidentielles, l'Italie et l'Allemagne succombe. Même l'Argentine se prend de passion pour ce titre aux paroles si décalées, mais si faciles à prononcer !

Hélas pour Caroline Loeb, chanter « De toutes les matières, c'est la ouate qu'elle préfère » partout sur les plateaux de télévision, encore et encore, devient étouffant. « C'est du délire. Pendant deux ans, je n'ai plus fait que ça, jusqu'à la nausée. (...) J'ai pété un câble. On n'est jamais libre. On parle tout le temps de soi. Des gens vous disent que vous êtes merveilleuse » se souvient l'artiste, se sentant vite prisonnière du star-system, avec ses strass, ses paillettes... et ses désillusions. Caroline Loeb aspire à autre chose mais on ne lui parle que de "C'est la ouate". « J'étais devenue un trou avec du vinyle autour. Le soir, je cherchais une pochette pour aller me coucher. Je suis une artiste. Ma vie d'artiste n'a pas commencé avec "C'est la ouate" et elle ne s'est pas arrêtée après. Je ne suis pas une chanson ! » martèle-t-elle aujourd'hui.

Comme beaucoup d'autres idoles de cette génération, Caroline Loeb aura vu passer le train du succès devant ses yeux avant de disparaître des charts. Même si sa carrière, elle, s'est construite ailleurs. C'est dans la mise en scène qu'elle s'épanouit à partir des années 90. "Shirley" avec Judith Magre est récompensé d'un Molière en 2000. Son "Monologues du vagin" est un triomphe en 2007. Elle écrit des romans, des comédies musicales ("Mistinguett, Madonna et moi"), joue au cinéma, travaille avec Alain Chamfort, devient animatrice sur Melody TV. D'autres albums voient le jour : "Crime parfait" (2009), "Comme Sagan" (2019). C'est donc sans l'ombre d'un regret que Caroline Loeb pose un regard sur son succès des années 80 : « Je ne suis pas du tout nostalgique. Ma vie d'artiste est plus riche qu'avant ».

publié le 11 octobre, Yohann RUELLE, Purecharts

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