Après "Le cas Cantat sur Netflix, les parents de Krisztina Rady souhaitent "l'apaisement" et s'opposent à la réouverture du dossier
temps de lecture 3 minutes
Le documentaire "De rock star à tueur : le cas Cantat", diffusé sur Netflix, en entraîné la réouverture d'une enquête sur d'éventuelles violences subies par Krisztina Rady, ex-compagne de Bertrand Cantat, avant son suicide en 2010.
La bande-annonce de la mini-série documentaire "De rockstar à tueur : Le cas Cantat", disponible sur Netflix - © Abaca Press
C'est une affaire refermée à quatre reprises. Mais elle ressurgit, quinze ans après les faits, sous l'effet d'un documentaire. Le 24 juillet, le parquet de Bordeaux a annoncé la réouverture d'une enquête visant Bertrand Cantat, ex-leader du groupe Noir Désir, pour "d'éventuels faits de violences volontaires" sur son ancienne compagne Krisztina Rady, retrouvée pendue à son domicile en janvier 2010. Une décision motivée par les révélations de la mini-série "Netflix De rock star à tueur : le cas Cantat."
"Les parents ne comprennent pas l'acharnement concernant ce dossier"Ce retour judiciaire ne fait pas l'unanimité. Les parents de Krisztina Rady, par la voix de leur avocat Me Tibor-Louis Leh, ont exprimé leur opposition ferme : "Aujourd'hui les parents souhaitent l'apaisement et ne comprennent pas l'acharnement concernant ce dossier, notamment en prétendant que leur gendre aurait commis un suicide forcé" a-t-il fait savoir dans un communiqué transmis à l'AFP. Ils pointent du doigt un documentaire "particulièrement à charge", selon Me Leh, qui ravive une douleur qu'ils espéraient voir s'éteindre.
Pourtant, le film soulève de nouvelles zones d'ombre. Il dévoile notamment une lettre d'adieu inédite de Krisztina Rady, publiée par "Paris Match", dans laquelle elle écrit : "Merci aux cris incessants et aux accusations de Bertrand, dépositaire exclusif de souffrance." Elle y mentionne également d'autres figures de son entourage, évoquant des hommes et des femmes qui l'auraient fait souffrir. Me Leh affirme toutefois qu'une autre lettre, conservée par la famille, ne fait "aucune allusion à Bertrand Cantat" et évoque plutôt "un contentieux financier d'ordre professionnel".
À LIRE AUSSI : "Le cas Cantat" : La justice décide de rouvrir une enquête sur le suicide de l'ex-compagne de Bertrand Cantat après avoir visionné le documentaire de Netflix
Malgré ces divergences d'interprétation, ce documentaire a eu un impact juridique tangible. Co-réalisé par Karine Dusfour, Anne-Sophie Jahn, Nicolas Lartigue et Zoé de Bussierre, il fait émerger de nouveaux témoignages absents des précédentes procédures judiciaires. Parmi eux : un infirmier a évoqué un rapport médico-légal détaillant des violences subies par Krisztina Rady, et la nourrice des enfants du couple a raconté avoir quitté précipitamment le domicile en raison d'un climat devenu "délétère" et "dangereux".
Ces éléments ont convaincu le procureur de la République de Bordeaux, Renaud Gaudeul, de relancer l'enquête. Une initiative saluée par Yaël Mellul, présidente de l'association Femme et Libre, à l'origine de deux des précédentes plaintes classées : "C'est une affaire de suicide forcé", estime-t-elle, se disant "très soulagée" par le "changement radical de position du parquet".
Interrogée sur France Inter ce jeudi 31 juillet, la réalisatrice Karine Dusfour affirme n'avoir jamais anticipé un tel effet : "On le faisait pour mettre en lumière la mort de ces deux femmes et analyser les violences conjugales." Selon elle, l'enquête sur la mort de Krisztina Rady "reste à faire". Elle y voit une occasion pour la justice d'évoluer : "C'est une très bonne nouvelle que l'enquête soit rouverte dans le sens où cela montre que la justice progresse dans la compréhension de ces problématiques." Le parcours de Krisztina Rady, femme de lettres, traductrice et mère de deux enfants, est lié à celui de Bertrand Cantat dès 1993. Malgré leur séparation, elle lui avait témoigné un soutien indéfectible lors de son procès pour le meurtre de Marie Trintignant, survenu en 2003 à Vilnius. Condamné à huit ans de prison, le chanteur avait bénéficié d'une libération conditionnelle en 2007, avant le suicide de son épouse trois ans plus tard.
publié le 1 août, Bruna Fernandez , Puremédias