Avec l'IA, Prisma Media ("Voici", "Télé-Loisirs") travaille sur "le clonage numérique" d'une journaliste de "Capital" pour réaliser des vidéos pour gagner du temps

Claire Léost, présidente de Prisma Media, le premier groupe de presse magazine français - © Tomas Stevens/ABACAPRESS.COM
L'intelligence artificielle s'invite en force chez Prisma Media. Le groupe de presse, propriétaire de titres comme "Voici", "Capital" ou "Télé-Loisirs", multiplie les expérimentations : rédaction automatisée, voix clonées, avatars de journalistes... Une révolution technologique qui suscite curiosité et inquiétudes.
"Voici", "Femme actuelle", "Télé-Loisirs", "Capital", "Cuisine Actuelle", "National Geographic"... Vous avez forcément déjà lu un article de presse du groupe Prisma Media. L'entreprise, premier groupe de presse magazine français, a choisi de prendre le virage de l'intelligence artificielle, nous apprend un article des "Échos" publié le 14 avril dernier. Cette technologie, dont les avancées surprennent de jour en jour avec, par exemple, la possibilité pour l'IA d'appeler les grands-parents d'un utilisateur à sa place pour prendre de ses nouvelles, est très utilisée par les rédactions de cette filiale de Vivendi, détenue par Vincent Bolloré, depuis 2021.
"Au moins une centaine d'initiatives à l'échelle du groupe"Tout s'est accéléré en novembre 2022 et le lancement de l'agent conversationnel ChatGPT dans le monde entier. "On a au moins une centaine d'initiatives à l'échelle du groupe. On essaye d'être au plus près des besoins de chaque métier", confirme Pascale Socquet, directrice générale de Prisma Media.
Parmi elles, "Voici" recourt à l'intelligence artificielle pour écrire des papiers à partir de dépêches d'agences de presse (environ 20% du contenu du site est produit avec l'IA) et "Cuisine AZ" s'en sert pour développer de nouvelles recettes culinaires. "On s'aperçoit avant tout que l'IA est performante lorsque le journaliste est expérimenté, même si cela semble contre-intuitif. Il saura mieux connaître la qualité des sources, vérifier les informations et sera bien conscient des limites de l'utilisation de l'IA", se défend Pascale Socquet.
Dernière nouveauté en cours de test chez "Capital" : cloner une journaliste pour réaliser des vidéos "sans que celle-ci ne soit obligée de les tourner", peut-on lire dans le quotidien d'information économique qui précise que le groupe "espère publier les premières vidéos dans l'été". Des voix humaines ont d'ores et déjà été reproduites pour diffuser des flashs audio, à partir de contenus rédigés par des journalistes.
L'objectif est de "former massivement" les salariés à l'IA. "D'ici la fin de l'année, 80% d'entre eux devraient avoir eu des cours sur ce sujet. Quasiment un tiers du budget de formation est consacré à l'IA" révèlent "Les Echos". De quoi nourrir certaines inquiétudes chez ces derniers qui redoutent des "conséquences éventuelles sur l'emploi", a fait savoir Emmanuel Vire, délégué syndicale de la SNJ-CGT.
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À la suite de la parution de cette interview, Pascale Socquet a tenu à réagir sur son compte LinkedIn en réaffirmant sa croyance en l'IA générative, une "opportunité de créer une vision augmentée du journalisme et de l'ensemble de nos métiers" : "Nous déroulons notre stratégie : Former, Encadrer, Tester". "L'IA générative est loin d'être magique, le sujet n'est pas d'utiliser des outils mais de répondre à des besoins métiers. Il faut s'y consacrer avec humilité, pugnacité et conscience pour créer de la valeur", conclut-elle.
publié le 16 avril, Nastassia Dobremez , Puremédias