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"C'est une victime collatérale de ce qui se passe entre la France et l'Algérie" : Les proches de Christophe Gleizes, journaliste emprisonné en Algérie, se mobilisent pour sa libération

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Christophe Gleizes, qui collabore notamment avec les magazines "So Foot" et "Society", est parti dans le cadre de son travail en Algérie en mai dernier. Il a été condamné fin juin à 7 ans de prison ferme, notamment pour "apologie du terrorisme".

Franck Annese, fondateur de So Press, donne sur RMC des nouvelles de Christophe Gleizes, journaliste français emprisonné en Algérie depuis le 29 juin 2025. - © CHRISTOPHE SIMON / AFP

Ce jeudi 17 juillet, cela fait 18 jours que Christophe Gleizes, journaliste français de 36 ans, est en prison en Algérie. Il vit dans "une cellule de 10 m² qu'il partage avec un co-détenu, avec douche et toilettes à l'intérieur. Ce n'est pas l'hôtel", a décrit au micro de "l'After foot" sur RMC Franck Annese, fondateur de So Press, groupe qui édite notamment les magazines "So Foot" et "Society" avec lesquels Christophe Gleizes collabore en tant que journaliste pigiste.

"Le journalisme n'est pas un crime""Christophe est parti faire son métier en Algérie le 15 mai 2024. Il a été arrêté le 28 mai 2024", avant d'être placé sous contrôle judiciaire pendant 13 mois. "On pensait qu'on venait de vivre un enfer, mais les dix jours que nous venons de vivre, après (l'annonce de) son emprisonnement (le 29 juin), ça, c'était l'enfer", a témoigné la mère du journaliste, qui a participé avec ses proches à une marche à travers Avignon, pour "alerter l'opinion publique". Une mobilisation à l'initiative de son frère Maxime, comédien. Une banderole "Le journalisme n'est pas un crime" était portée en tête de cortège.

Christophe Gleizes a été condamné fin juin à 7 ans de prison ferme en Algérie, notamment pour "apologie du terrorisme" et "possession de publications dans un but de propagande nuisant à l'intérêt national". La justice algérienne lui reproche d'avoir été en contact avec un dirigeant du club de foot de la Jeunesse Sportive de Kabylie (JSK), par ailleurs responsable du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK), classé organisation terroriste par les autorités algériennes en 2021.

"Quand Christophe a été condamné, nous avons décidé de briser le silence et de médiatiser son histoire, avec l'aide de RSF et des journalistes de 'So Foot' et de 'So Press'", a expliqué Sylvie Godard, sa mère. "Mais nous faisons aussi confiance au Quai d'Orsay et à l'Élysée", a-t-elle ajouté dans des déclarations rapportées par l'AFP, "touchée et fière de voir que le Parlement européen et l'Assemblée nationale ont tous appelé à la libération de Christophe, et ce de façon transpartisane".

"Nous sommes dans la lutte, pas dans l'apitoiement sur nous-mêmes", a ajouté Francis Godard, beau-père de Christophe Gleizes, qu'il a élevé depuis ses 11 ans. "Nous sommes tristes, mais nous réservons nos coups de barre psychologiques à notre intimité. Mais en public, on mobilise, on est dans l'énergie. Nous voulons défendre la liberté de la presse, nous souhaitons sa libération. Nous défendons une juste cause". "Je veux tout faire pour que mon frère rentre le plus vite possible", a confié de son côté son frère Maxime. "J'en appelle au monde du foot, de la presse, je rappelle que mon frère est juste journaliste de foot. (...) Je souhaite que ça devienne un enjeu national, voire mondial", a-t-il insisté.

Anne-Sophie Lapix, Catherine Deneuve, Hervé Mathoux... Une centaine de personnalités appellent à sa libérationUn appel entendu en France puisque ce même jour, un comité de soutien d'une centaine de personnalités lancé par Reporters sans Frontières a appelé à la libération du journaliste, via un communiqué.Parmi eux, plusieurs personnalités du football, du journalisme ou du monde culturel comme l'ex-entraîneur Vahid Halilhodzic, le journaliste sportif Hervé Mathoux, l'actrice Catherine Deneuve ou son collègue Gilles Lellouche, le romancier Nicolas Mathieu ou encore la journaliste Anne-Sophie Lapix. "Nous devons unir nos forces", plaide le directeur général de RSF, Thibaut Bruttin, dans ce texte, appelant "les plus hautes autorités algériennes à procéder" à la libération de Christophe Gleizes "et les autorités françaises à mobiliser tous les leviers diplomatiques". En outre, plus de 17.500 personnes ont signé la pétition lancée fin juin par l'ONG pour réclamer "la libération immédiate" du journaliste.

Un procès en appel aura lieu "en octobre a priori", selon Franck Annese. "Et pour moi, c'est inimaginable de le laisser moisir en prison de juillet à octobre. Ce n'est pas possible", s'est indigné le patron de presse, qui a eu des nouvelles de Christophe Gleizes il y a 10 jours. "Christophe avait le moral à ce moment-là. Après, c'est un mec qui a le moral en toutes circonstances. Il voit toujours le verre à moitié plein plutôt qu'à moitié vide", a-t-il confié sur RMC, tout en clamant l'innocence de son confrère.

Victime de la crise diplomatique entre la France et l'Algérie ?"Ce mec n'a rien fait. On parle d'apologie du terrorisme, c'est complètement surréaliste. Il a interviewé un type qui est dirigeant de club de foot et par ailleurs, qui a des activités pro-indépendance de la Kabylie. Interviewer quelqu'un ne veut pas dire épouser la cause de cette personne, déjà, d'une part. Et je ne juge même pas de savoir si être pro-indépendance de la Kabylie, c'est être terroriste ou pas. Le gouvernement algérien a jugé que l'indépendance de la Kabylie était une revendication terroriste, c'est leur problème. Mais Christophe n'a jamais prôné l'indépendance de la Kabylie, dans aucun écrit, dans aucun message personnel. Ce n'est pas sa cause, il n'a jamais défendu ça. Donc les motivations du jugement pour moi, sont folles. Ça n'a aucun sens", a martelé Franck Annese, pour qui Christophe Gleyzes est victime de la crise diplomatique entre la France et l'Algérie."C'est une victime collatérale de ce qui se passe entre la France et l'Algérie depuis quelque temps, et qui s'est aggravée depuis les déclarations d'Emmanuel Macron sur le Sahara, et qui ont pris encore plus d'ampleur après avec l'arrestation de Boualem Sansal et avec les déclarations de Bruno Retailleau sur l'Algérie. (...) et Christophe n'a rien à voir là-dedans. C'est un journaliste de foot qui parle de foot".

publié le 17 juillet, Léa Stassinet , Puremédias

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