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"Elle franchit une ligne rouge" : La SDJ du "Parisien" se "désolidarise" de la dernière chronique de Sophia Aram et "exhorte" la direction de la rédaction "à la plus grande vigilance"

"Le seul fait d'armes de Louis Boyard est d'avoir été chroniqueur chez Cyril Hanouna" : Sophia Aram tacle le député LFI dans "Quelle époque !" - © France 2

La chronique de l'humoriste sur la Flottille de la liberté, parue dimanche dans 'Le Parisien', suscite un tollé en interne. La Société des journalistes du quotidien dénonce une "légèreté" déplacée face au drame humanitaire à Gaza et demande la fin des tribunes dominicales, jugées trop idéologiques.

En interne, ça ne passe pas. Ce mardi 17 juin, la Société des journalistes du "Parisien" a publié un communiqué pour dénoncer une chronique acide de Sophia Aram, publiée dans les colonnes du journal dimanche. L'humoriste étrille la Flotille pour Gaza, qui a fait la Une de l'actualité en ce mois de juin. Le 1er juin, un voilier de la Coalition de la flottille pour la liberté (mouvement créé en 2010) a quitté Catane, en Sicile, en direction de Gaza pour acheminer une aide humanitaire symbolique composée de produits de première nécessité. À bord, une douzaine de personnes dont Greta Thunberg et l'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan.

"Aujourd'hui comme hier, le racisme, qui est un délit, n'est pas tolérable dans 'Le Parisien'"Cette mission entendait dénoncer le blocus imposé par Israël et alerter sur la situation humanitaire catastrophique dans la bande de Gaza, où l'ONU estime que l'ensemble de la population est menacée de famine. Alors que le navire a été arraisonné dans les eaux internationales par Israël dans la nuit du 8 au 9 juin, plusieurs passagers, dont Rima Hassan, ont été placés en détention, refusant de signer un document les accusant d'entrée illégalement sur le territoire israélien. Tous ont désormais été libérés ou expulsés.

"Le bureau de la SDJ a découvert avec consternation, dimanche 15 juin, la dernière chronique de Sophia Aram, intitulée 'People Boat', à propos de la 'flottille de la liberté pour Gaza'", commence le communiqué. Dans le chapeau de cette chronique, plus précisément intitulée "Rima Hassan, Greta Thunberg et la flottille pour Gaza : 'People Boat'", on peut lire : "Sophia Aram revient sur la traversée pseudo-humanitaire du voilier 'Madleen' et sur la haine d'Israël de son équipage que dissimule à peine cette mise en scène".

L'humoriste écrit : "En plus du niveau de souffrance auquel les Gazaouis sont confrontés, il aura fallu ajouter cette semaine le cynisme de Greta Thunberg et Rima Hassan faisant semblant de leur apporter un sachet de farine, deux Doliprane et trois serviettes hygiéniques...tout en qualifiant d''humanitaire' une pantalonnade qui aurait pu s'appeler 'des waza pour Gaza' ou 'un quatre-quarts pour le quart-monde', pour rappeler la formule hilarante de Valérie Lemercier".

Avant d'ajouter : "Pendant que Miss Krisprolls rejoue 'Titanic' à la proue du yacht, Lady Gaza prévient : 'Je n'ai pas peur de la mort et encore moins d'Israël. S'ils veulent me tuer, qu'ils le fassent, je partirai en ayant fait ma part' Mais sa part de quoi ? À quoi sert la mise en scène d'une interpellation programmée, sinon à nourrir l'egotrip de deux adulescentes se rêvant 'kidnappées' par les 'méchants sionistes' ?"

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"Sur le fond, l'autrice est évidemment en droit d'exprimer publiquement son désaccord et son indignation quant à cette opération", écrit la SDJ dans son communiqué. "Mais, sur la forme, outre qu'elle aborde la tragédie de Gaza avec une légèreté qui interroge, elle franchit, selon nous, au moins une ligne rouge, ce dont nous tenons à nous désolidariser formellement. Dans son texte, Greta Thunberg est qualifiée de 'Miss Krisprolls' et l'opération rebaptisée 'Des Wasa pour Gaza'." "Même dans un trait d'humour, il n'est jamais très inspiré de ramener une personne à son origine pour la discréditer. Les Suédois ne font pas exception", poursuit le texte. "Aujourd'hui comme hier, le racisme, qui est un délit, n'est pas tolérable dans 'Le Parisien'. Nous exhortons la direction de la rédaction à la plus grande vigilance sur ce point.

La SDJ soulève également un manquement plus global de la part du journal : "Les blagues dérangeantes ont certainement leur place dans les émissions et les publications satiriques. Nos lecteurs, dont nous répétons aujourd'hui qu'ils ont été insuffisamment informés dans nos colonnes du drame qui se joue à Gaza, sont en droit d'attendre autre chose d'un journal d'information de qualité". La SDJ va jusqu'à demander "la suppression de ces chroniques dominicales, lieux trop souvent de règlements de comptes qui n'inspirent pas nos lecteurs et de partis-pris idéologiques doublés d'obsessions personnelles qui ne reflètent pas la diversité de leurs opinions" évoquant le "plan d'économies" auquel fait face la rédaction.

"Le Parisien", détenu par LVMH, a en effet officiellement lancé un vaste plan d'économies en 2025, visant à supprimer au moins 39 postes dont 29 de journalistes, par le biais de départs volontaires. Objectif : contenir le déficit du journal, qui atteignait 33 millions d'euros en 2024, en réalisant entre 7 et 8 millions d'économies. Un projet de "modernisation", largement critiqué par la rédaction.

publié le 18 juin, Bruna Fernandez , Puremédias

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