Actus TV média

"Excès de stress", "burn-out", "pensées suicidaires" : Une enquête dévoile des conditions de travail "alarmantes" au sein des émissions de reportage de M6

La bande-annonce de "Zone interdite", sur le thème "Pain, fruits, légumes, révélations sur un nouveau scandale alimentaire", diffusé ce dimanche 26 janvier 2025 à 21h10 sur M6. - © M6

Une enquête de la Guilde des auteurs-réalisateurs de reportages et de documentaires (Garrd), révélée par "Télérama", met en lumière une souffrance généralisée parmi les auteurs, réalisateurs et journalistes travaillant pour les émissions de reportage de M6.

Après une première enquête sur la souffrance au travail menée en 2023, la Guilde des auteurs-réalisateurs de reportages et documentaires (Garrd) a décidé cette année de concentrer son analyse sur une seule chaîne, M6. Les résultats sont "alarmants" : un sondage accablant sur les conditions de travail de ces professionnels travaillant pour les émissions de M6, telles que "66 minutes", "Zone interdite" ou encore "Un jour, un doc".

Surcharge de travail, isolement, manque de reconnaissance, précarité...Relayée ce mercredi 11 juin par "Télérama", l'enquête a été menée auprès d'une centaine de professionnels (76% de femmes, 24% d'hommes) ayant travaillé pour M6, que ce soit en interne ou via des sociétés de production et agences de presse. Les 47 questions du sondage ont été analysées en collaboration avec le sociologue des médias Jean-Marie Charon, chercheur à l'EHESS. "Notre souci a d'abord été de dépersonnaliser et objectiver le phénomène", explique Clarisse Feletin, adhérente de la Garrd et ancienne membre du conseil d'administration, à l'origine de cette initiative.

Les résultats parlent d'eux-mêmes : 91% des répondants affirment avoir ressenti un excès de stress et un "sentiment d'épuisement" au cours des dernières années. Près de la moitié (49%) évoquent des "crises d'angoisse", et 58% déclarent avoir terminé un projet pour M6 dans une "situation de souffrance" ou de "burn-out". Pire encore, 4% avouent avoir eu des "pensées suicidaires" liées à leur travail sur ces programmes.

À LIRE AUSSI : Départs non remplacés, dégradation des conditions de travail : En grève, les rédactions du groupe Nice-Matin exige "des renforts immédiats"

Parmi les causes principales citées : surcharge de travail, consignes contradictoires, manque de reconnaissance, précarité généralisée, isolement et absence de culture d'entreprise. La rémunération, elle aussi, est un facteur aggravant. Si "Zone interdite" et "Enquête exclusive" proposent des cachets jugés décents, la Garrd souligne les très faibles montants proposés pour "Un jour, un doc", une case documentaire lancée en 2022, avec des forfaits plafonnés à 6.000 euros, quelle que soit la durée du sujet traité. Un montant jugé dérisoire compte tenu de la charge de travail.

Face à ce constat inquiétant, la Garrd demande à M6 des mesures concrètes pour améliorer les conditions de travail et limiter les risques psychosociaux. Le syndicat propose notamment de revoir les apports financiers de la chaîne et de signer une charte tripartite - entre auteurs, producteurs et diffuseurs - sur le modèle de celle adoptée par France Télévisions en janvier 2022. "Nous sommes dans une démarche constructive et espérons que M6 nous écoutera d'une oreille attentive", précise Clarisse Feletin.

Mais les tensions ne datent pas d'hier. En novembre 2023, la Garrd publiait déjà un rapport intitulé "M6, la petite chaîne qui monte... sur le dos des auteurs", soulignant les dérives du modèle économique mis en place pour les productions documentaires. Et la grogne ne fait que s'amplifier. Selon "La Lettre", Vincent Régnier, directeur des magazines d'information de M6, a adressé à l'été 2024 une missive à une cinquantaine de sociétés de production pour déplorer la "baisse de qualité" des reportages livrés. Une lettre mal reçue par les professionnels, qui dénoncent un double discours : d'un côté, des exigences toujours plus élevées ; de l'autre, des moyens toujours plus restreints.

Contacté par Puremédias, M6 n'avait pas répondu à nos sollicitations à l'heure où nous publions ces lignes.

publié le 11 juin, Bruna Fernandez , Puremédias

Liens commerciaux