"Le caractère répété et dénué de rigueur" : CNews épinglé par l'Arcom pour sa couverture du procès de Marine Le Pen
temps de lecture 3 minutes
Le régulateur de l'audiovisuel reproche à la chaîne d'information du groupe Canal+ un traitement partial et excessif de la condamnation de Marine Le Pen, assimilée à une victime d'un "complot judiciaire".
Extrait de "Morandini Live" le 31 mars dernier, jour du verdict du procès de Marine Le Pen - © CNEWS
Nouveau revers pour CNews. Jeudi, L'Arcom a annoncé avoir été alertée à propos de la couverture par la chaîne du procès du Rassemblement national (RN) le 31 mars 2025. Dans un communiqué daté de ce 14 août,l'Autorité indique avoir constaté que, sur plusieurs émissions phares de la chaîne - "Morandini Live" ou encore "Midi News" -, les prises de parole avaient "tendu à mettre en exergue sans mesure, ni modération, le caractère supposément indu, voire illégal, de la peine d'inéligibilité prononcée à l'encontre de la présidente du groupe RN à l'Assemblée nationale".
"Marine Le Pen, C8, même combat"À l'antenne, Marine Le Pen a souvent été décrite comme la victime d'un "complot judiciaire". Selon le régulateur, ces positions "répétées et dénuées de rigueur" n'ont fait l'objet d'aucune contradiction en plateau, ce qui caractérise un "traitement manquant de mesure comme de rigueur" et un "défaut de maîtrise d'antenne". Conséquence : CNews est rappelée à l'ordre et sommée de faire preuve "d'une vigilance accrue" à l'avenir, en application de sa convention et des articles 3 de la délibération du 18 avril 2018 et 2-2-1 de ses obligations.
Selon "Le Monde", le lendemain du verdict, Pascal Praud reprenait sur CNews un parallèle déjà entendu la veille : "Neuf personnes avaient décidé l'interdiction de C8. Cette fois, trois juges ont stoppé Mme Le Pen." Pour l'éditorialiste, "Marine Le Pen, C8, même combat", comparant ainsi la décision de justice contre l'ex-candidate aux présidentielles d'extrême droite dans l'affaire des assistants parlementaires du Front national à la fermeture de la chaîne à la suite de nombreuses sanctions visant "Touche pas à mon poste".
À LIRE AUSSI : "Des propos dénués de nuance" : L'Arcom intervient auprès de CNews après un éditorial de Pascal Praud dans "L'Heure des Pros"
Aurélien Saintoul, député insoumis et rapporteur de la commission d'enquête parlementaire sur la TNT en 2024, avait saisi le régulateur dès le 31 mars. Dans sa lettre adressée au président de l'Arcom, il reprochait à CNews d'avoir diffusé quatre témoignages de téléspectateurs "sans nuance ni perspective, reprenant les principaux éléments de langage des responsables politiques d'extrême droite".
Selon les informations du "Monde", ces séquences provenaient de vidéos fournies par la société CVox, prestataire de contenus "citoyens" : sur 187 reçues, 134 furent validées, toutes à charge contre la décision de justice. Pour le député, le dispositif éditorial mis en place, avec QR code et appels à réactions, ne relevait plus du journalisme mais d'"une opération de communication en faveur de Marine Le Pen et du Rassemblement national". Il dénonçait alors une chaîne transformée en "organe de propagande officiel de l'extrême droite".
publié le 24 août, Bruna Fernandez , Puremédias