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"Mon interview sur Europe 1 et CNews a été censurée" : Une députée LFI annonce saisir l'Arcom après la suppression de ses propos sur la taxation de Bernard Arnault et Rodolphe Saadé

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Alma Dufour, députée La France insoumise de Seine-Maritime, s'était plainte des pratiques des deux antennes après leur avoir accordé un entretien enregistré "dans les conditions du direct".

Alma Dufour sur CNews le 28 juin 2025. - © CNEWS

Certains propos d'Alma Dufour ont-ils été censurés lors d'une interview diffusée sur Europe 1 et exploitée ensuite sur CNews ? Le 27 juin 2025, la députée La France insoumise de Seine-Maritime était interviewée dans "Europe 1 soir week-end". Dans l'impossibilité d'être présente lors du direct - aux alentours de 20h15 - l'élue aurait accepté la proposition de la station d'enregistrer l'entretien aux alentours de 18h. Elle aurait obtenu, comme elle l'explique à "Arrêt sur images" qui en a révélé les coulisses le 17 juillet dernier, la garantie que l'interview menée par Jacques Serais serait réalisée "dans les conditions du direct". Autrement dit diffusée en l'état, sans montage.

Des propos sur Bernard Arnault et Rodolphe Saadé expurgésOr quelques minutes de l'entretien manqueraient à l'appel. Tel a été le constat de la députée après qu'elle a demandé à ses équipes d'isoler un passage de l'interview diffusée à trois reprises en pleine nuit sur CNews "conformément à la loi sur le pluralisme et le temps de parole". Dans cet extrait, sur lequel ses équipes n'ont pas réussi à mettre la main, Alma Dufour aurait évoqué "la taxation des milliardaires".Comme elle l'explique encore à "Arrêt sur images", la députée aurait à dessein pris soin d'épargner Vincent Bolloré, actionnaire du groupe Canal+, propriétaire de CNews et Europe 1. "Pour trouver 40 milliards d'euros" dans le cadre du budget 2026, elle aurait choisi d'épingler Bernard Arnault, directeur général de LVMH et propriétaire des journaux "Les Échos" et "Le Parisien".

"Mon interview sur Europe 1 et CNews a été censurée lorsque j'expliquais que Bernard Arnault payait (en proportion, ndlr) moins d'impôts qu'un ouvrier", s'était-elle plainte le 4 juillet dernier sur X. "Pourquoi avoir coupé ce passage ? Y a-t-il des sujets interdits chez Bolloré ? Je saisis l'Arcom pour répondre à ces questions !", avait annoncé Alma Dufour.

"Puis, face aux protestations de son intervieweur mettant en avant l'importance de ces milliardaires au nom du patriotisme économique, elle se penchait sur Rodolphe Saadé et sur son 'allégeance' à Donald Trump afin de détricoter cet argument de milliardaires dont l'intérêt se confondrait à celui de la France", rapporte "Arrêt sur images". Contactées par Puremédias, les directions d'Europe 1 et de CNews n'ont, pour l'heure, pas souhaité donner suite à nos sollicitations.

Ce n'est pas la première fois qu'Europe 1, sous pavillon Bolloré depuis 2023, est accusée de malmener la déontologie censée guider les journalistes. Le 18 juillet 2025 encore, dans une enquête étayée, "Streetpress" révélait que la rédaction web de la station, dont le contrôle assuré par l'état-major d'Europe 1 a été renforcé, avait reçu pour consigne de ne plus utiliser les dépêches AFP, qui font pourtant consensus dans le métier. Certains sujets, à l'instar de l'affaire Betharram, seraient par ailleurs proscrits. "Le service web n'a plus le droit d'écrire ses propres papiers, même à la rubrique culture ou people. C'est n'importe quoi !", dénonce une source. "On se concentre uniquement sur les sujets de l'antenne", déplore une autre.

publié le 22 juillet, Ludovic Galtier Lloret , Puremédias

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