"Pas en mesure de diffuser l'intégralité des programmes" : La grève contre la réforme de l'audiovisuel public perturbe les antennes de France Inter, France Culture et Franceinfo

L'annonce de la grève contre la réforme de l'audiovisuel public sur France Culture ce jeudi 26 juin 2025 - © France Culture / Anne-Sophie Guebey / Bestimage
Premier coup de semonce contre la réforme de l'audiovisuel public portée par Rachida Dati : ce jeudi 27 juin, les antennes de Radio France sont lourdement perturbées par une grève illimitée. Les salariés dénoncent à la fois des restrictions budgétaires internes et un projet de holding jugé dangereux pour l'indépendance des médias publics.
"Nous ne sommes pas en mesure de diffuser l'intégralité de nos programmes habituels." Depuis ce jeudi matin, les auditeurs de France Inter, France Culture ou Franceinfo entendent ce message d'alerte à l'antenne. En cause : une grève illimitée lancée par l'intersyndicale de Radio France pour s'opposer à la fois au projet de holding de l'audiovisuel public, examiné dès lundi à l'Assemblée, et aux coupes budgétaires qui frappent déjà l'entreprise.
"Un appel à la grève déposé par les organisations syndicales représentatives pour défendre Radio France"Sur les radios du groupe public, on peut ainsi entendre un message pré-enregistré : "En raison d'un appel à la grève déposé par les organisations syndicales représentatives pour défendre Radio France, ses radios, ses métiers, sa production, ses formations musicales, et s'opposer au projet de holding de l'audiovisuel public, nous ne sommes pas en mesure de diffuser l'intégralité de nos programmes habituels. Nous vous prions de nous excuser."
Même message du côté de Franceinfo, qui a prévenu ses auditeurs - et téléspectateurs puisque l'antenne du canal 16 est également perturbée - sur X : "En raison d'un appel à la grève de l'intersyndicale de Radio France contre la réforme de l'audiovisuel public, les antennes de la radio et du canal 16 ne sont pas en mesure de diffuser l'intégralité de leurs programmes. Nous vous prions de nous en excuser". "Le site de franceinfo.fr, la page d'accueil et certaines rubriques peuvent ne pas être actualisés comme habituellement", ajoute le média sur son site.
Le rassemblement des salariés devant la Maison de la Radio, prévu à 13 heures, marque un premier jalon dans cette mobilisation qui s'annonce massive. D'ici au 30 juin, France Télévisions et l'INA devraient à leur tour entrer dans le mouvement, sur fond de rejet généralisé d'une réforme structurelle incarnée par la ministre de la Culture, Rachida Dati. Une date qui n'a rien d'anodin, puisque le projet de réforme sera examiné examiné à l'Assemblée à partir de ce jour-là.
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La colère monte depuis plusieurs semaines : arrêt de la diffusion FM pour Mouv', réforme du réseau local ICI (ex-France Bleu), réduction annoncée de la fréquence de l'émission d'investigation "Secrets d'info" au profit d'une programmation plus lissée... Autant de signes, selon les syndicats, d'une reprise en main éditoriale. Le projet de fusion dans une holding baptisée "France Médias" cristallise les tensions, en particulier la création d'un poste de directeur de l'information unique placé sous l'autorité du PDG.
Pour les grévistes, cela représenterait une menace directe pour le pluralisme des rédactions. Le rapport remis à la ministre par Laurence Bloch, ex-directrice de France Inter, n'a rien arrangé. En plus de la proposition controversée de centraliser la direction de l'information, il envisage de filialiser certaines entités (proximité, info continue, radio, télévision). Une organisation jugée coûteuse et inefficace par plusieurs cadres de France Télévisions.
Mais au-delà de la structure, c'est la méthode de Rachida Dati qui irrite. Depuis la diffusion d'un numéro critique de "Complément d'enquête", la ministre a multiplié les sorties violentes à l'encontre de journalistes. Le 18 juin sur France 5 dans "C à vous" elle s'en est prise directement à Patrick Cohen, évoquant une possible poursuite judiciaire en direct. Des propos jugés intimidants par de nombreuses sociétés de journalistes et qualifiés de "dérive trumpiste" par la CGT. Le syndicat va jusqu'à appeler le président Emmanuel Macron et François Bayrou à retirer la gestion de la réforme des mains de Rachida Dati.
publié le 26 juin, Bruna Fernandez , Puremédias